Matthias Enard a remporté le prix Goncourt 2015 avec son livre Boussole (Actes Sud) dès le premier tour de scrutin. Les relations compliquées entre l’Occident et l’Orient étaient au cœur des romans des quatre écrivains en lice pour recevoir mardi à la mi-journée le plus prestigieux des prix littéraires du monde francophone. Le nom du successeur de Lydie Salvayre (Pas pleurer, Seuil) a été dévoilé à 12h45 au restaurant Drouant à Paris devant la presse internationale.
Le prix plus prestigieux de l’édition francophone récompense un auteur de 43 ans fasciné par l’Orient. Mathias Enard s’est dit “extraordinairement heureux” d’avoir eu le Goncourt.Pour mériter le Goncourt, il fallait “une histoire, une écriture, une ambition”, avait résumé Bernard Pivot, président de l’Académie Goncourt, sur France Inter. Dans Boussole, un des objectifs de Mathias Enard est de lutter contre l’image simpliste et fantasmée d’un Orient musulman et ennemi, en montrant tout ce qu’il nous a apporté.Les autres finalistes du Goncourt, dévoilés le 27 octobre au musée du Bardo à Tunis, étaient Hédi Kaddour et son roman Les prépondérants (Gallimard), Tobie Nathan pour Ce pays qui te ressemble (Stock) et Nathalie Azoulai, la seule femme du groupe, avec Titus n’aimait pas Bérénice (POL). Le lauréat du Goncourt recevra un chèque de 10 euros. Mais l’enjeu est ailleurs. Un roman estampillé Prix Goncourt se vend en moyenne à environ 400.000 exemplaires, le Renaudot à un peu moins de 200.000. Orientalisme Toutes les oeuvres en lice cette année pour le Goncourt ont l’Orient en commun. Racine lui-même, au coeur du roman de Nathalie Azoulai, a pris son inspiration en Orient pour sa pièce Bérénice, “reine de Palestine”, a rappelé Philippe Claudel, un des dix membres du jury. Au jeu des pronostics, neuf des 16 critiques interrogés vendredi par l’hebdomadaire spécialisé Livres Hebdo s’attendaient à voir Hédi Kaddour récompensé. Chronique d’un monde en train de sombrer, son roman Les prépondérants est une fresque implacable d’une société coloniale figée dans les années 1920 en Afrique du Nord. Ce livre figure également dans la sélection du Femina (attribué mercredi) et du Médicis (décerné jeudi). Depuis 1975, le Goncourt n’a couronné que six femmes, dont Lydie Salvayre l’an dernier.