Des personnes déclarées coupables et condamnées par la justice tchadienne sont libérées, au moment où leur extradition a été vainement réclamée par les Chambres africaines extraordinaires. Le transfèrement de ces co-accusés a été vainement réclamé par le Tribunal spécial.
On comprend maintenant pourquoi Idriss Déby a refusé d’extrader les co-accusés de Habré réclamés par les Chambres africaines extraordinaires. En effet, le président tchadien vient de libérer certaines personnes déclarées coupables et condamnées par la justice tchadienne. Une décision qui met à nu la promesse de transfèrement de ces détenus à Dakar, pour les besoins du procès de l’ex-homme fort de N’Djaména. L’on se rappelle qu’en plus de cet acte considéré comme une «violation des engagements de transférer les co-accusés à Dakar», le régime tchadien s’est opposé à leur audition à N’Djamena, lors des commissions rogatoires.
Pourtant, le calendrier du planning des témoins a prévu le passage, par les juges, devant le Tribunal spécial, des co-accusés, dès le 15 septembre. Ce, dans l’optique que ces derniers viennent à Dakar témoigner devant la barre. «La démarche d’Idriss Déby visait à les extraire du procès devant se tenir devant le Tribunal spécial, pourtant seule juridiction compétente à juger les crimes commis durant la période allant du 7 juin 1982 au 1 décembre 1990 comme le prévoyaient les accords et les statuts des chambres», confie-t-on.
Aujourd’hui, l’espoir de les voir, à la barre, s’est écroulé lorsque le procureur du Tchad a informé les Chambres africaines de «l’impossibilité d’un transfert». Mais aussi, d’une audition par visioconférence. Cette «obstruction à la Justice», et «manœuvres d’Idriss Deby pour empêcher la recherche de la vérité» n’a pas empêché la Chambre africaine extraordinaire d’assises de continuer le déroulement du procès.
Jusqu’au jour où Déby a décidé de faire libérer les Généraux Oumar Souny et Béchir Ali Haggar, respectivement condamnés à 5 ans et 15 ans, le 23 mars 2015, par la Chambre criminelle du Tchad. Selon des sources, «leur libération est, aujourd’hui, effective puisqu’ils ont rejoint leur famille ce week-end». En somme la décision de libération des co-accusés de Habré est perçu par la plupart des observateurs comme «une impunité pour de nombreux acteurs politiques tchadiens comme Goukouni, Idriss Deby et tant d’autres responsables dans la chaîne de responsabilité et de commandement».