Dans le bilan macabre qu’elle a fourni, la Cellule de crise n’a pas comptabilisé les pèlerins sénégalais de l’extérieur morts à Mina. Annonçant une victime sénégalaise qui résidait en Côte d’Ivoire, Horizons sans frontières affirme que le nombre de morts arrêté par les autorités en charge du Hajj pourrait être plus élevé.
El Hadji Seck, un Sénégalais qui résidait en Côte d’ivoire, fait partie des milliers de morts dans la bousculade de Mina. Il n’a pas été comptabilisé par la Cellule de crise et de prise en charge psychologique installée au ministère des Affaires étrangères, qui a tiré, hier, à Dakar son dernier bilan concernant ce drame religieux. Fort de ce constat, Horizons sans frontières (Hsf) demeure convaincue que le bilan de pèlerins sénégalais morts dans cette tragédie pourrait s’alourdir. Etant donné que le nombre de victimes avoisinerait les 3 000 morts, très loin des 769 listés par l’Arabie Saoudite.
Si Horizons sans frontières analyse que le mystère demeure encore dans les circonstances et le nombre exact de morts dans le drame de Mina, l’organisation migratoire internationale indique, néanmoins, que la Cellule de crise n’a pas pris en compte les victimes sénégalaises de l’extérieur. «Ceux qui ont accompli le Hajj depuis leur pays d’accueil», précise-t-elle dans un communiqué publié, hier. Dans ses calculs, Hsf s’appuie sur les lenteurs administratives, le coût exorbitant du Hajj, les problèmes liés à l’obtention des visas, qui ont fait que beaucoup de Sénégalais ont préféré s’inscrire dans les pays voisins moins chers, comme le Mali, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Bénin, etc. Donc, le cas d’El Hadji Seck résidant en Côte d’ivoire, dont les funérailles ont été célébrées, dimanche dernier, dans la commune de Koumassi à Abidjan, est fort illustratif de cette liste de Sénégalais non prise en charge par la Cellule de crise.
En Afrique subsaharienne, Hsf est d’avis que le Sénégal fera partie des pays qui paieront le plus lourd tribut avec 62 morts, selon la version officielle fournie par la Cellule de crise. En revanche, le Hajj étant un projet migratoire défini et limité dans le temps, l’organisation internationale signifie que le ministère des Affaires étrangères ne prend pas la migration dans toute sa diversité et sa complexité.
Horizons sans frontières regrette l’instrumentalisation politique de ce drame de Mina et déplore, en même temps, la dépossession des biens et identités des victimes par perte, rendant ainsi leur identification plus difficile. «Une meilleure organisation du Hajj devrait déjà être à l’ordre du jour et pourrait réduire non seulement les risques à des proportions tolérables mais aussi éviter d’autres échecs dans le dossier migratoire», fait remarquer Boubacar Sèye, président de l’Ong.