L’association Sunu street a permis de repérer les manquements liés à la danse au Sénégal: absence de soutien de l’Etat, pas de statut, encore moins de formation. La table ronde organisée autour de la question du statut du danseur montre à suffisance les déboires des acteurs de cette discipline artistique.
Au Sénégal, la danse n’est plus un loisir qu’une profession. C’est la conviction de beaucoup de professionnels de cette discipline réunis vendredi au centre culturel Blaise Senghor autour du thème : «Le statut du danseur au Sénégal». C’était à l’occasion d’un Sunu talk, une table ronde d’échange organisée par l’association Sunu street qui a célébré ainsi ses deux années d’existence. Pour que la danse soit considérée comme un métier, fait savoir le danseur Adnan kidsensh, il faut que le danseur suive une bonne formation en la matière et qu’il tire l’essentiel de ses revenues de la danse. « Il faut avoir des compétences nécessaires et aussi être payé pour ça», précise-t-il.
Baba Ndiaye directeur du centre Blaise Senghor informe qu’il n’y a pas de statut de danseur au Sénégal, comme d’ailleurs pour tous les artistes. Il souligne que c’est durant les séances de sabar (danse populaire) que l’on décèle les talents. «Ces danseurs n’ont aucune formation, mais ils sont compétents», lance-t-il. Pour être reconnue par l’Etat, la danse doit contribuer au développement, selon Baba Ndiaye.
Par ailleurs, les danseurs trouvent risqué le fait de transformer le statut d’une association de danse en entreprise. Car pour certains, il sera difficile de respecter l’imposition et autres taxes soumises aux entreprises. Mais les danseurs présents à la table ronde décrient le manque de considération de l’Etat à leur égard vue le budget dérisoire qui leur est octroyé. Khoudia Touré, l’une des initiatrices de l’association Sunu street, se dit satisfaite des deux ans passés avec les danseurs sénégalais. Mais lui et ses camarades espèrent plus de soutien de la part de l’Etat.
Pour le développement du secteur de la danse, «les danseurs doivent compter sur leurs propres efforts et leurs propres moyens», avoue Ndiaye un des animateurs du débat. Il invite les danseurs à être plus créatifs et plus productifs pour propulser la danse.
Après les échanges, les danseurs ont offert un spectacle qui restitue une formation suivie avec Sunu street. C’était dans la salle de danse du centre culturel Blaise Senghor, rénovée par l’association.
Khadidiatou GUEYE
& Maguette NDAO