C’était la confusion totale, hier, à l’Assemblée nationale qui s’est transformée en une foire aux empoignades, aux insultes et aux menaces.
Moustapha Niasse a boudé le perchoir après des propos aigres doux avec le député Ousmane Sonko.
Cela a chauffé, hier, à l’Assemblée nationale. Comme annoncé par Walf Quotidien dans son édition d’avant-hier, la tension était à son comble lors de l’examen du projet de loi autorisant le président de la République à ratifier l’accord de coopération inter-Etats portant sur le développement et l’exploitation des réservoirs de gaz entre le Sénégal et la Mauritanie. C’est alors la confusion la plus totale. Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale et le député Ousmane Sonko ont eu des joutes verbales. En effet, après la lecture du rapport, le député de l’opposition a demandé à prendre la parole pour poser une question préalable. Niet, lui a répondu Moustapha Niasse : «Vous ne poserez pas cette question. Vous parlez de question préjudicielle, alors que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ne connaît pas de question préjudicielle», assène le président de l’Assemblée nationale qui refuse obstinément la parole au député.
Mais c’était sans compter avec la détermination de ce dernier qui était décidé à jouir de son droit: «Personne ne peut m’empêcher de poser ma question», rétorque-t-il au président de l’Assemblée nationale. Moustapha Niasse lui demande alors de descendre, mais Ousmane Sonko refuse. Et comme l’avait fait le député Toussaint Manga du Pds lors du vote de la loi instituant le parrainage, le député de Pastef a refusé d’obéir aux injonctions du président de l’Assemblée nationale. Il s’en est suivi alors une violente dispute.
Vêtu d’un grand boubou blanc, un bonnet sur la tête, le député qui tient absolument à prendre la parole, occupe le pupitre. Il est rejoint par d’autres députés de l’opposition. «Les votes sans débats et l’appel aux gendarmes, tout ça s’est fait», martèle Ousmane Sonko. «On va rentrer si cela continue», lance un député de la mouvance présidentielle. En face, certains parlementaires de la majorité tentent de faire descendre le député par la force. C’est la confusion la plus totale. Un désordre indescriptible s’empare ainsi de l’Assemblée nationale qui se transforme ainsi en une foire d’insultes et d’empoignades.
Excédé, le président de l’Assemblée nationale quitte l’hémicycle. Mais avant de partir, Moustapha Niasse prévient les députés de l’opposition. «Vous pouvez faire et dire tout ce que vous voulez devant les caméras des journalistes, mais en dehors de l’hémicycle, vous ne vous comporterez pas de la même manière», lance-t-il avant de bouder. Mais, auparavant, il a essuyé une salve de critiques devant le député de Rewmi Déthié Fall qui l’accuse d’être le problème de l’institution parlementaire. La séance est suspendue. Des scènes qui rappellent celles qui ont émaillé le vote de la loi sur le parrainage.
L’ensemble des membres de l’opposition ne cesse de réclamer la publication du contrat avec la Mauritanie et de dénoncer les accords signés par l’Etat et concernant les ressources gazières et pétrolières. Ils considèrent ces accords comme un énième épisode dans cette «série d’actes de mal gouvernance et de délits économiques» du gouvernement sur nos ressources naturelles.
Charles Gaiky DIENE