La réplique du Dr Aloyse Waly Diouf au Pr Moussa Seydi est mal perçue par la communauté universitaire. Celle-ci y voit un manque de respect à l’endroit de l’université. Le Sudes/Esr qui est monté au créneau invite le chef de l’Etat à mettre un terme à cette polémique.
Chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann, Professeur Moussa Seydi n’est plus seul dans ce qu’on pourrait appeler son malentendu avec les autorités du ministère de la Santé. Lequel désaccord est survenu à la suite de sa sortie sur la situation des hôpitaux du sud caractérisé par un état de vétusté manifeste. Outre les citoyens lambda, activistes et défenseurs des droits humains, Pr Seydi vient de recevoir le soutien de ses collègues de l’enseignement supérieur. En effet, dans un communiqué publié hier, l’Union des enseignants du Sénégal, section enseignement supérieur (Sudes/Esr) déclare qu’«attaquer le professeur Seydi, c’est attaquer l’Université». «Le Docteur Aloyse Waly Diouf, Directeur de Cabinet du ministre de la Santé et de l’Action Sociale, au lieu de se demander comment il était possible qu’un service de réanimation ne fut pas construit selon les normes, au lieu de se demander comment le marché pour ce service de réanimation a été passé et comment il a été possible qu’un tel service de réanimation fut réceptionné ; a préféré gourmander le Professeur Seydi en lui reprochant de ne pas laver le linge sale en famille», déplore Oumar Dia et ses camarades.
D’après ces enseignants, le seul tort de leur collègue, en visite à l’Hôpital de Ziguinchor, est d’avoir usé d’une litote pointant avec beaucoup de retenue ce qu’il a nommé «quelques petits problèmes» dont un «service de réanimation qui n’est pas construit selon les normes». «Le Sudes/Esr est choqué par cette expression malheureuse et contraire à tout esprit de bonne gouvernance et de reddition des comptes. Au-delà de cette anecdotique expression, le Sudes/ESR tient à rappeler à Aloyse Waly Diouf que les médecins hospitaliers universitaires ne reçoivent pas d’ordre du ministre et ne sont pas soumis à une quelconque obligation de réserve. Leur autorité, c’est le recteur de leur Université. Certains postes dans les centres hospitaliers universitaires sont rattachés à certains statuts universitaires. En tant que Titulaire de la Chaire de Maladies Infectieuses, le Professeur Seydi est ipso facto chef du service des maladies infectieuses de Fann. L’Université le choisit. Le ministre ne fait qu’entériner un choix dans lequel sa compétence est liée», précise le Sudes/Esr.
Par conséquent, notent les syndicalistes, Pr Seydi a des devoirs non pas envers une administration, mais envers la vérité et la science. Ces devoirs et surtout son droit à s’exprimer plus librement que n’importe quel administratif sont garantis par la loi n° 94-79 du 24 novembre 1994 relative aux franchises et libertés universitaires. «Le Sudes/Esr s’indigne donc que Dr Diouf se soit permis de se montrer aussi peu respectueux de ses devoirs de haut fonctionnaire qui doit scrupuleusement respecter la loi et veiller à préserver les libertés académiques qu’elle consacre. Ces libertés garantissent d’ailleurs la validité des diplômes du Dr Diouf (…)», déplorent-ils. Avant d’ajouter : «Le Sudes/ESR attire l’attention de l’Exécutif et au premier chef du Président Macky Sall sur le fait qu’une attaque contre le Professeur Seydi est une attaque contre l’Université et les libertés qui la fondent».
Salif KA