Assane Diouf va bientôt boucler un an de prison sans jugement. Sa détention est devenue arbitraire, selon ses avocats qui le qualifient d’«otage de l’Etat du Sénégal». Face à la presse hier, Mes Ciré Clédor Ly et Elhadji Diouf accusent le procureur de la République.
La détention préventive d’Assane, depuis novembre 2017, est arbitraire. C’est du moins l’avis de ses avocats qui tenaient, hier, une conférence de presse sur la situation carcérale de leur client, à la Maison d’arrêt de Reubeus. Poursuivi pour «injures publiques, trouble à l’ordre public par le biais d’un système informatique et outrage à un ministre du culte et diffamation», ses conseils soutiennent qu’il doit être jugé ou libéré car ayant épuisé le temps requis pour l’enrôlement de son dossier. Ils révèlent que les enquêtes ont été bouclées et le dossier renvoyé devant le Tribunal correctionnel, il y a six mois de cela. «Depuis le 16 avril 2018, date de renvoi d’Assane Diouf devant la juridiction de jugement, le parquet s’est assis sur la procédure et refuse de le faire comparaitre devant un juge», a déploré Me Ciré Clédor Ly. Qui poursuit : «Pour des faits simples, l’instruction a ainsi trainé cinq mois, alors que la procédure de flagrant délit était la plus appropriée, puisqu’Assane Diouf avait assumé ses propos». Selon ce dernier, l’article 174 bis du Code de procédure pénale fixe une date impérative au procureur de la République, pour l’enrôlement des dossiers renvoyés devant une juridiction de jugement par un juge d’instruction ou par la chambre d’accusation. «Il s’agit de deux mois à compter de la date de l’ordonnance décidant que l’inculpé devra être jugé. L’opinion publique doit être informée qu’Assane Diouf subit présentement une véritable détention arbitraire, car le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies, dans un avis célèbre, a décidé que toute détention au-delà de la durée fixée par la loi nationale, devient arbitraire», révèle Me Ciré Clédor Ly.
«Le procureur de la République viole allégrement la loi»
Abondant dans le même sens, Me Elhadji Diouf soutient que cette inculpation entre dans le cadre d’une ambition de liquidation d’Assane Diouf. «Aucune plainte n’est déposée contre lui. C’est un dossier où il n’y a aucune partie civile. Tout a été clair. Assane a toujours assumé ses propos car il n’a commis aucun délit», informe-t-il. Pour lui, on a voulu faire croire aux Sénégalais et particulièrement aux mourides qu’Assane a manqué de respect à leur porte-parole. «Ce dernier avait dit qu’il n’entend pas porter plainte. Il n’a rien à reprocher à Assane Diouf. Il aurait pu être jugé et libéré trois jours après son arrestation. On l’a envoyé devant le juge pour lui pourrir la vie», soutient Me Diouf. La défense n’a pas manqué de souligner, hier, les conditions difficiles dans lesquelles Assane Diouf est détenu à Rebeus. Selon ses avocats, les mauvais traitements qu’aurait subis leur client en détention provisoire sont délétères. Et qu’il est en train de vivre l’enfer derrière les barreaux. «Assane Diouf a été maltraité en prison. Sa jambe a été fracturée par des gardes pénitenciers restés à ce jour impunis», déclare Me Ciré Clédor Ly. Avant d’ajouter : «Après ses graves blessures, Assane Diouf a été ignoré 33 jours durant sa souffrance avant que ne commence son traitement à l’infirmerie. Il est jeté dans une cellule isolée, sous prétexte qu’il est fou». Le procureur de la République est au banc des accusés. Selon les robes noires, il serait derrière ces agissements orchestrés contre Assane Diouf. «Renvoyé depuis le 16 avril 2018, Assane Diouf attend depuis près de six (06) mois en prison pour être jugé et, cela à cause de l’arbitraire d’un procureur de la République qui viole allégrement la loi, avec une arrogance bureaucratique qui sape l’Etat de droit», se désole Me Ciré Clédor Ly.
Salif KA