Seif al-Islam, fils du guide libyen Mouammar Kadhafi assassiné par les forces occidentales, a présenté dimanche sa candidature officielle à l’élection présidentielle prévue en décembre prochain, a indiqué aux médias locaux un responsable de la commission électorale.
“Seif al-Islam Kadhafi a déposé le dossier de sa candidature à l’élection présidentielle au bureau de la Haute Commission électorale (HNEC) à Sebha (sud)”, a déclaré à la chaîne officielle libyenne, al-Rasmiya, Abdel Hakim al-Chaab, vice-président de la HNEC.
Seif al-Islam Kadhafi, fils cadet du guide libyen tué après l’agression de son pays par les forces françaises, anglaises et américaines, qui s’est porté officiellement candidat dimanche à la présidentielle du 24 décembre, est passé du statut de dauphin et réformateur les dernières années du régime à celui de fugitif, recherché par la Cour pénale internationale.
Depuis des années, on avait perdu la trace de celui qui fut longtemps considéré comme un successeur de Mouammar Kadhafi, tué lors d’un soulèvement populaire en 2011.
Il a fait sa première apparition publique en juillet dernier en accordant une interview au New York Times depuis un lieu indéterminé des collines du nord-ouest de la Libye, dans laquelle il n’excluait pas un retour en politique.
“L’heure est venue d’un retour au passé. Le pays est à genou, il n’y a pas d’argent, pas de sécurité, pas de vie”, avait-il déclaré au quotidien américain.
Né le 25 juin 1972 à Tripoli, Seif al-Islam est le fils aîné de la seconde épouse de Mouammar Kadhafi et le deuxième de ses huit enfants.
Homme svelte aux allures de playboy, il étudie à Vienne et Londres avant de prendre une place auprès de son père qui semble en faire son fils “préféré”.
Sans occuper de fonction officielle, il représente plusieurs fois la Libye dans le cadre de négociations internationales, notamment pour l’indemnisation des familles des victimes des attentats de Lockerbie en 1988 et du DC-10 d’UTA en 1989.
Il se fait aussi connaître lors de sa médiation dans l’affaire des infirmières bulgares libérées en 2007.
Un mois plus tard, il expose un projet de modernisation de son pays, relançant les spéculations sur la question de la succession.
Anglophone, germanophone et parlant un peu français, s’exprimant avec pondération, il est alors dépeint à l’étranger comme le nouveau visage respectable d’un régime longtemps accusé de soutien au terrorisme.
Seif al-Islam mène campagne pour l’ouverture de son pays aux médias privés. Il lance en août 2007 la première chaîne de télévision privée ainsi que les deux premiers journaux privés du pays.
Mais un an après, il annonce son retrait de la vie politique, affirmant avoir mis le “train des réformes sur les rails”.
Il réapparait dès le déclenchement de l’insurrection à la mi-février 2011 lorsque la Libye est à son tour touchée par le Printemps arabe. Il adopte alors un langage guerrier, tentant bec et ongles de sauver son pays.
– “Accusations infondées de crimes contre l’humanité” –
“Nous ne lâcherons pas la Libye et nous combattrons jusqu’au dernier homme, jusqu’à la dernière femme et jusqu’à la dernière balle”, affirme-t-il, en dénonçant le complot venu de l’étranger.
En juin 2011, la Cour pénale internationale (CPI) lance à son encontre un mandat d’arrêt “pour crimes contre l’humanité” commis pendant la répression du soulèvement en Libye.
Arrêté en novembre 2011 par un groupe armé de Zenten (ouest), Seif al-Islam a été condamné à mort par les autorités judiciaires de Tripoli en 2015 à l’issue d’un procès expéditif sans aucun respect des droits de la défense. Mais le groupe refuse de le livrer.
Sa libération est annoncée par le groupe en juin 2017 sans être jamais confirmée et sa trace s’est évaporée depuis. La CPI a dit l’avoir localisé à Zenten fin 2019.
Jusqu’à l’interview au New York Times, Seif Al-Islam n’avait pas donné signe de vie depuis juin 2014 quand il était apparu dans une vidéo filmée à Zenten, pendant son procès dans un tribunal à Tripoli.
Il apparaît dans les photos diffusées par le New York Times vêtu d’un qamis noir brodé de motifs dorés, barbe grisonnante et turban noir sur la tête.
Il affirme dans l’interview être désormais un “homme libre” et se dit convaincu que les poursuites à son encontre et toutes “les questions juridiques pourraient être résolues si une majorité du peuple libyen le choisissait comme chef”.
“Je suis loin du peuple libyen depuis 10 ans. Vous devez revenir lentement, lentement. Comme un strip-tease. Vous devez jouer un peu avec leur esprit”, disait-il encore au journal.
Au total, trois des sept fils de Kadhafi sont morts pendant la révolution. La veuve du dirigeant déchu, Safia Farkech, et trois autres de ses enfants ont trouvé refuge en Algérie, puis à Oman.
Le360 Afrique – AFP