CHRONIQUE DE SIDI
Quand il vit le jour, le monde était plus que tourmenté. Sans l’intervention du Tout-Puissant, la Mecque allait être rasée par la puissante et redoutable armée d’Abraha, le jaloux. Sa naissance, à cette époque précise où les vicissitudes de la vie avaient fini par aveugler plus d’un, avait une double signification. Elle allait révéler le sens caché des choses, donner forme à l’abstrait. Pour, par la même occasion, assurer la continuation des missions engagées par les autres Messagers avant lui. De nombreux signes majeurs annoncèrent cette naissance. Il arriva en ce terrible monde dévasté par la convoitise sans pouvoir compter sur l’affection paternelle. Son père, Abdullah avait rendu l’âme alors qu’il n’était pas encore né. Inspiré par le Seigneur, Abd al-Muttalib, son grand-père, lui donna le nom de Mouhamed tiré du nom de Dieu : Mahmoud (celui à qui on rend grâce). Un nom avec la même racine que celui annoncé par les autres livres saints qui l’ont désigné sous le nom de Ahmad, celui à qui on ne cesse de rendre grâce.
En dehors de sa mère Amina qui l’avait très tôt senti et de son grand père Abd al-Muttalib, personne ne se doutait de la destinée qui était celle du nouveau-né. A cette époque, les Arabes avaient pour coutume de confier leurs enfants à des nourrices des tribus bédouines qui leur apprenaient leurs premiers mots arabes. Celles-ci les amenaient avec elles, en plein désert, loin de la Mecque et de son tumulte. Ainsi, Mouhamed (PSL) fut confié à l’une d’entre elle du nom de Halima Sadiyya. Leur rencontre ne fut pas fortuite. En effet, elles étaient nombreuses à quitter le désert pour la Mecque à la recherche de nourrisson. Elles en avaient toutes trouvé sauf Halima qui allait rentrer bredouille. Elle s’apprêtait à partir quand on lui dit qu’il y avait un orphelin qui n’avait pas encore de nourrice. Seulement, il ne fallait pas s’attendre à être payé. Halima préféra partir avec lui que de rentrer les mains vides. En cours de route, d’autres signes montrèrent à Halima qu’elle avait avec elle un nouveau-né tout à fait particulier. Dès qu’elle l’a serré contre elle, ses seins, qui étaient quasi vides, se gonflèrent de lait. Son âne qui marchait à peine avait retrouvé une seconde jeunesse et trottait comme pressé d’acheminer ceux qu’il transportait. Arrivée chez elle, Halima trouva leur terre couverte d’herbes et sa vieille chamelle donnait abondamment de lait. Les miracles ne se limitaient pas à cela. Sa rencontre avec Mouhamed (PSL) changea le cours de la vie de Halima.
En mettant Halima sur la route de Mouhamed (PSL), le Tout-Puissant préparait Son Envoyé. Dans le désert, à l’écart du carrefour économique qu’était la Mecque, ce dernier, qui côtoyait ainsi les plus pauvres, apprenait l’humilité qui allait être l’une de ses marques de fabrique. Dans ce lointain désert, loin de l’affection de ses parents, il était extirpé tout ce qui pouvait constituer un obstacle à l’accomplissement de sa mission. Halima, qui était enthousiaste au début, commença à s’inquiéter de tous les changements qu’elle observait chez l’enfant. C’est pourquoi, au bout de quatre ans et quelques mois, elle décida de ramener le jeune Mouhamed (PSL) chez sa mère, à la Mecque.
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Par Sidi Lamine NIASS
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