CHRONIQUE DE SIDI
Le Prophète Mouhamed (PSL) ne s’était pas préparé au combat par hasard. En homme avisé, il savait que le contentieux avec les Quraysh n’était pas encore vidé et qu’un conflit entre les deux cités ne pouvait pas être écarté. Ainsi, avec les Médinois volontaires, il mit en place une armée. Au départ, il était question de mettre en place des patrouilles (des saraya) à même d’assurer la sécurité de la cité. Comme à son habitude, le Prophète Mouhamed (PSL) s’arrêtait toujours aux fondements dont il accordé la plus grande attention. Avant de faire face à la Mecque, il fallait d’abord sécuriser Médine.
Les craintes de Mouhamed (PSL) ne tardèrent pas à trouver leur justification. En effet, au moment de l’exil, de nombreux musulmans avaient été obligés de fuir la Mecque en laissant derrière eux tous leurs biens. Les Quraysh qui avaient mis la main sur ce qu’ils qualifiaient de trésor de guerre, s’étaient décidés à aller l’écouler à Cham. Quand l’information parvint au Prophète (PSL), ce dernier demanda aux autres de redoubler davantage de vigilance et de se préparer à toutes les éventualités. Mouhamed (PSL) voulut intercepter la caravane à son retour de Cham.
Et comme par hasard du côté de la Mecque, un homme, qui faisait partie de la caravane partit à Cham, revint avec un message plus qu’alarmant de Abu Soufian. L’homme, un certain Damdam, avait déchiré ses habits et maltraité le chameau qui lui servait de monture pour davantage susciter la pitié et impressionner son auditoire. « C’est une tragédie, une catastrophe ! Vos biens avec Abu Soufian sont attaqués par Muhammad et ses compagnons. Je ne crois pas que vous puissiez sauver la caravane», s’écriait Damdam qui implorait une aide sans laquelle, insistait-il, Abu Soufian risquait gros. L’assemblée fut émerveillée par ce discours. La colère qui s’était emparée des Mecquois fut exacerbée par le belliqueux Abu Jahl. Déterminé à venger une cause connue que par lui, ce dernier était déterminé en à découdre. Prenant la parole, il fit observer que c’était l’occasion et le moment de mettre définitivement un terme à la menace que faisaient peser sur leurs caravanes les Médinois. A force d’arguments malveillants, il finit par convaincre les Quraysh à prendre les armes. Ainsi dit, ainsi fait. Les Mecquois mobilisèrent une grande armée, mille trois-cent hommes, et marchèrent en direction d’une petite bourgade nommée Badr. Seulement, beaucoup de notables ne suivirent pas aveuglément Abu Jahl. Pour se soustraire de la bataille imminente, ils envoyèrent d’autres hommes à leur place. Abu Lahab, oncle et non moins grand détracteur du Prophète (PSL), accepta qu’un homme qui lui devait de l’argent partit à sa place.
Presque au même moment, le Prophète Mouhamed (PSL), qui était aussi informé de ce qui se passait de l’autre côté, convoquait un conseil. En chef de guerre, il avait invité les nobles afin d’échanger avec eux sur ce qui se préparait. Il leur parla de l’imminence de la bataille et voulut avoir leur point de vue sur la question. Et, tous ceux qui prirent la parole, d’Abu Bakr à Oumar, étaient unanimes : quelle que soit la décision de Mouhamed (PSL), ils sont avec lui. Les muhâjirûn n’étaient pas les seuls à donner leur avis. Le Prophète (PSL) interrogea également les ansâr, sans insister outre-mesure. Ces deniers pouvaient refuser d’aller au combat sans pour autant trahir. Dans les accords qu’ils avaient passés avec le Prophète Mouhamed (PSL), il n’avait jamais été question d’aller batailler. C’est pourquoi ce dernier ne voulait pas davantage les impliquer. Miqdad ibn Amr qui parla au nom des Ansar surprit. «Nous ne ferons jamais comme les Israélites qui dirent à Moussa : « Va avec ton Seigneur combattre l’ennemi tandis que nous restons en arrière ! » Nous te disons : « Va avec ton Seigneur combattre l’ennemi, et nous combattrons à tes côtés». Après avoir écouté les uns et les autres, le Prophète Mouhamed (PSL) commença par définir l’organisation des troupes en mettant en place différents régiments. Les musulmans étaient en tout 313 et marchèrent à la rencontre des Quraysh.
Alors que les Quraysh marchaient en direction de Badr, un message d’Abu Soufian leur parvint. Ce dernier expliquait être sain et sauf et sa caravane était également en sécurité. Autrement, ce n’était plus la peine d’aller défier Mouhamed (PSL) et ses compagnons. A ce discours, certains désistèrent et tournèrent les talons. Abu Jahl revint à la charge « Nous ne ferons pas demi-tour. Nous irons jusqu’à Badr et nous y festoierons pendant trois jours. Nous tuerons des chameaux pour manger, nous nourrirons tous ceux qui voudront venir nous voir, nous boirons du vin en abondance et nous serons divertis par des chanteurs et des danseurs. Toute l’Arabie entendra parler de nous et nous craindra à jamais», soutint-il, déterminé à combattre quel qu’en soit le prix.
Rien ne semblait plus pouvoir éviter la bataille de Badr.
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Par Sidi Lamine NIASS
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