CHRONIQUE DE SIDI
Comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, le Prophète Mouhamed (PSL) avait consacré les premières années de son exil à Yathrib (Médine) à créer, tisser et à raffermir les liens entre les habitants. Ses prêches et autres actions avaient annihilé les plus vieilles querelles. Et, progressivement, une seule communauté se retrouvait dans un seul et unique Etat, le premier musulman de l’histoire. Après l’organisation de la société, le Prophète Mouhamed (PSL) se pencha sur la question de la sécurité. Les fidèles musulmans, qui avaient fait de l’amour une source, de l’humilité une mode de vie, de la tolérance une sagesse, devaient aussi se préparer à la guerre.
Comment une communauté, qui fait de l’amour et de la paix ses armes, devrait en arriver à faire la guerre ? D’autant que le Messager avait, dès le départ, écarté toute idée de contraindre quelqu’un à embrasser l’Islam dont les fondements étaient consolidés par la paix, « As Salam ». En outre, il avait signé un traité avec les tribus juives vivant à Médine pour assurer une cohabitation pacifique. Mais le Messager le savait, contrairement à ses prédécesseurs, le Seigneur pouvait déchainer les eaux ou envelopper le ciel ou à fendre la terre pour le prémunir de ses ennemis. Tout comme le Messager pouvait être appelé à prendre lui-même sa propre défense.
Au paroxysme de la persécution des premiers musulmans à la Mecque, le Prophète Mouhamed (PSL), malgré les maltraitances qu’on lui faisait subir, s’était abstenu de répondre à la violence que ses contradicteurs lui avaient opposée. A Ta’if, alors que les pierres pleuvaient sur lui et Zayd ibn Hâritha, blessant même ce dernier, le Messager, n’envisagea, à aucun moment, de faire face. La guerre dont il était question de préparer n’était pas destinée à venger les outrages personnels ou à prendre en charge les intérêts personnels. Elle ne pouvait servir qu’à la défense de la communauté.
Le vent du désert avait fini par porter la nouvelle de la naissance de ce nouvel Etat dans toute l’Arabie. Les Quraysh, qui avaient incité le Prophète Mouhamed (PSL) à quitter la Mecque, ne comptaient pas l’observer pendant qu’il consolide ses bases à Médine qui prenait davantage d’envergure, remettant de plus en plus en question leur suprématie. Et au-delà des Quraysh, d’autres tribus de l’Arabie pouvaient également être tentées par la conquête de Médine qui était devenue une puissance économique. Autant de considérations qui rendirent pertinente la mise en place d’une armée dont les soldats étaient déjà engagés dans le Jihad, alors que la bataille n’avait pas encore débuté.
Pour les musulmans, livrer bataille n’est pas seulement entrer en guerre, ou aller au suicide. Le musulman qui combat accomplit le Jihad. Au sens étymologique, Jihad signifie effort. L’effort que l’homme fait, certes difficilement mais, pour jouir d’une autre chose beaucoup plus considérable. Nous pouvons prendre l’exemple de l’effort d’apprentissage qui consacre l’acquisition des connaissances. L’effort qui pousse l’individu à abandonner la jouissance au profit de la nitescence. Jihad, un moyen de mettre en exergue la responsabilité du musulman qui, quelle que soit l’action qu’il entreprend, est loin de la subir.
Mais que pouvaient bien chercher les musulmans à travers le Jihad qui leur a fait porter les armes ?
A lire chaque vendredi
Par Sidi Lamine NIASS
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