L’Alliance
Moussa venait juste d’arriver à Madian mais avait déjà fait fort impression. Il était loin de comprendre que sa rencontre avec les deux femmes qu’il avait aidées au point d’eau, allait quelque peu faire basculer sa vie. En effet, de retour chez elles, les deux dames avaient été interpellées par leur père qui était surpris de les voir plus tôt que d’habitude. Les exégètes sont divisés quant à l’identité du père des deux femmes. Pour certains, il est le Prophète Shu’ayb (PLS). Pour d’autres, ce dernier n’est pas un contemporain de Moussa. Et penchent plutôt pour un de ses fils du nom de Yashru. Dans tous les cas, le Coran l’appelle «le vieux». Ainsi donc, le vieux demanda à ses filles pourquoi elles étaient rentrées plus tôt que prévu. Ces dernières racontèrent à leur père ce qui s’était passé autour du point d’eau et ne tarirent pas d’éloges sur Moussa. Quand elles eussent fini, le vieux demanda à l’une d’elles d’aller chercher Moussa afin qu’il le remercie.
Après avoir aidé les deux femmes, Moussa était parti se mettre sous un arbre et s’apitoyait sur son sort. Quand il vit l’une d’elles marcher timidement vers lui, il comprit que quelque chose allait se passer. La dame indiqua à Moussa de venir répondre à son père qui tenait à le remercier pour ce qu’il venait de faire. Moussa accepta d’aller répondre au vieux, se disant que sa prière était probablement en train d’être exaucée. Mais, il demanda à la dame de le laisser la précéder pour se préserver de la tentation. Arrivé chez le vieux, celui-ci chercha à le mettre à l’aise au mieux. Quand Moussa, malgré sa faim de loup, hésitait à bien manger, le vieux insista, le poussant à bien se servir. Et pendant qu’ils mangeaient, le vieux enchainait les anecdotes et les questions. Il cherchait à savoir qui était vraiment son hôte. Moussa raconta l’histoire de ce qui était sa vie. Il lui expliqua les circonstances de sa venue au monde. Il conta son enfance au Palais. Et s’apitoyait sur le sort réservé au peuple d’Israël. Tout au long de son discours, le vieux, qui manifestait son étonnement, sentait le besoin de tranquilliser Moussa qui peinait à cacher sa crainte. Le vieux lui dit : «N’aie aucune crainte: tu as échappé aux gens injustes» (Sourate 28 verset 25). A la fin du repas, le vieux proposa à Moussa un contrat. Une des deux femmes avait demandé à son père d’employer Moussa. Car, selon elle, il est vigoureux et bon. Quand son père lui demanda sur quoi elle se fondait pour dire qu’il est un homme de bien, sa fille lui rendit compte de ce qui était arrivé quand elle était partie l’appeler, quand Moussa refusa de la suivre. Le vieux proposa ainsi à Moussa de travailler pour lui. Il dit: «Je voudrais te marier à l’une de mes deux filles que voici, à condition que tu travailles à mon service durant huit ans. Si tu achèves dix [années], ce sera de ton bon gré; je ne veux cependant rien t’imposer d’excessif. Tu me trouveras, si Allah le veut, du nombre des gens de bien» (Sourate 28 verset 27). Cette façon de faire est une tradition chez le peuple d’Israël. C’est de cette façon, comme on l’a vu précédemment que le Prophète Ya’qoûb (PLS) avait trouvé une épouse. Moussa accepta les termes du contrat. Mais, il savait que le peuple d’Israël l’attendait, c’est pourquoi, il demanda au vieux de ne pas essayer de le retenir ou d’ajouter d’autres années à l’issue des huit ans. «C’est conclu entre toi et moi, dit Moussa. Quel que soit celui des deux termes que je m’assigne, il n’y aura nulle pression sur moi. Et Allah est Garant de ce que nous disons» (Sourate 28 verset 28). Le marché arrangeant les deux parties fut ainsi conclu. Le vieux, qui prenait de l’âge, avait en Moussa le fils qui s’occuperait de la sauvegarde de ses nombreux biens. Moussa avait un point de chute, une famille aimant où il pourrait quiétude et paix intérieure.
Lorsque Moussa eut bouclé la période convenue, le vieux tint parole. Il lui avait donné en épouse sa fille ainée avec qui Moussa eut un garçon. Il ne le retint pas non plus quand Moussa décida, un beau jour, de retourner en Egypte. Avec sa famille, il s’engagea sur le chemin du retour. Une rencontre inopinée allait chambouler le cours de sa vie et de l’histoire.
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Par Sidi Lamine NIASS