L’exil
Né dans un contexte assez particulier, Moussa, qui n’avait dû son salut qu’à une intervention divine, était recueilli au palais du Pharaon et avait sa mère à son chevet. Cette dernière, employée comme nourrice de son propre enfant, avait également sa place à la cour royale. «Ainsi Nous le rendîmes à sa mère, afin que son œil se réjouisse, qu’elle ne s’affligeât pas et qu’elle sût que la promesse d’Allah est vraie. Mais la plupart d’entre eux ne savent pas» (Sourate 28 verset 13). Le pari était risqué mais n’avait impacté que positivement. Moussa était éduqué comme un prince et jouissait de tout ce qu’un héritier était en droit d’exiger. Mais, plus il grandissait, plus il s’intéressait à ce qui se passait au-delà des murs du palais.
La maltraitance, que son père adoptif infligeait au peuple d’Israël, lui était parvenue. Il s’en rendit compte précisément quand il quitta le palais pour s’aventurer dans les quartiers. Les fils d’Israël ne jouissaient de la moindre considération. Perçus comme des sous-hommes, ils n’existaient que pour servir. Cette injustice lui inspira deux choses. Moussa comprit qu’il était de ce peuple martyrisé. Il sut que ce peuple attendait un commandant en chef pour se révolter et prendre son destin en main. Moussa est, sans doute, le Prophète qui tient compagnie aux révolutionnaires et qui inspire les conquérants.
Un jour, alors qu’il s’était encore aventuré dans les quartiers, Moussa trouva deux hommes en train de se bagarrer. L’un était de ses semblables, l’autre un copte. Le premier sollicita son soutien. Sans se poser de question, Moussa assena un coup fatal au copte. L’autre mort, il se rendit compte de son excès.
Moussa qui était loin d’être serein, revint sur ses pas le lendemain. A un moment, il entendit la voix de celui qu’il avait aidé la veille. Celui-ci l’appelait encore au secours. Comme la veille, il avait maille à partir avec un copte. « Moussa lui dit: Tu es certes un provocateur déclaré» (Sourate 28 verset 18). Il refusa d’aider son semblable une nouvelle fois. Et par ce geste, il montrait que ce n’était pas une question de sang encore moins de clan. S’il lui avait porté secours la première fois, c’est qu’il le prenait pour le faible que l’on martyrisait. En comprenant que c’est son semblable qui ne cessait de provoquer, il prit ses distances. L’autre répliqua par la moquerie. Moussa voulut lui porter un coup quand il s’écria : « Ô Moussa, veux-tu me tuer comme tu as tué une personne hier ? Tu ne veux être qu’un tyran sur terre et non un bienfaiteur ? » (Sourate 28 verset 19). Moussa n’avait pas encore réalisé qu’un autre homme de principe, un croyant qui ne manifestait pas sa foi vint l’avertir. Il ui dire que les notables étaient en train de se réunir et projetaient de le mettre à mort. Il lui conseilla de quitter la ville, de fuir. Toujours aussi craintif et sur ses gardes, Moussa décida de partir. «Il dit: Seigneur, sauve-moi de ce peuple injuste!» (Sourate 28 verset 19).
Moussa quitta la ville et se dirigea vers Madian. Plus il avançait, plus la soif et la faim le tenaillaient, sans qu’il n’entrevoit la moindre contrée. Il avait improvisé son exil et souffrait de ne pas être parti avec des provisions. Mais, il ne cessait d’invoquer Dieu, lui demandant de le mettre sur la bonne voie. Il finit par atteindre un point d’eau de Madian. Il aperçut des hommes tout autour en train de puiser de l’eau. Derrière ce groupe, se trouvaient deux femmes qui se tenaient à l’écart. Moussa s’approcha d’elles et chercha à savoir pourquoi elles ne puisaient pas comme les autres. Elles lui expliquèrent qu’elles attendaient que les bergers soient partis. Leur père étant trop âgé, ce sont elles qui s’occupaient de la tâche. Moussa se rendit serviable et puisa de l’eau pour elles. Quand il finit d’abreuver le troupeau des deux femmes, il alla se mettre sous un arbre et dit «Malgré tous les biens que tu as fait descendre sur moi, j’ai encore besoin de ton aide. Car, je me sens toujours aussi pauvre » (Sourate 28 verset 19).
A ce moment-là, une des deux femmes, marchant timidement, se dirigea vers lui. Qu’allait-il advenir ? Sa prière venait-elle d’être exaucée ?
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Par Sidi Lamine NIASS
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