CHRONIQUE DE SIDI
Pour consolider le nouvel Etat qui, comme la première mosquée bâtie à Yathrib (Médine), sortait de terre, il fallait des fondements plus que solides. Ce nouvel État était loin d’être son objectif final. Médine est la base à partir de laquelle, l’Islam doit s’épandre au reste de l’Arabie et au monde entier. Et comme tout fondement, cette base devait être solide. La cohésion, l’union entre les Médinois était fondamentale. A la mosquée, d’abord où à travers ses prêches, le Prophète Mouhamed (PSL) cultivait la tolérance, l’acceptation de tout le monde même ceux qui n’ont pas embrassé l’Islam, le partage, l’égalité… Comme ils l’étaient à l’intérieur de la mosquée, ils étaient également égaux dans la vie de tous les jours. Le contexte était plus que difficile exacerbé, par les nombreuses communautés et clans qui existaient. En dehors des deux principales tribus que sont les Aws et les Khazra, il y a avait de nombreuses autres communautés. En outre, les musulmans, venus de La Mecque étaient singularisés et appelés les muhâjirûn. Tandis que les autochtones étaient appelés les ansâr. Autant de subdivisions qui poussèrent Mouhamed (PSL) à multiplier sermons, exemples et enseignements.
Ainsi, Mouhamed (PSL) apporta des changements reflétant exactement le sens de ses propos. En invitant les uns et les autres à abandonner les vieilles croyances qui voudraient classifier les hommes en maitres et esclaves, en nobles et roturiers, il prit une décision fondamentalement significative. Comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, il a fallu longuement négocier avec le Seigneur pour parvenir aux cinq prières quotidiennes que nous connaissons aujourd’hui et qui étaient au départ cinquante. Maintenant que le nombre était fixé, la mosquée érigée et orientée vers la Mecque, il fallait quelque chose, ou quelqu’un pour appeler les gens à la prière. Un des compagnons du prophète (Sahaba) expliqua avoir justement fait un rêve dans ce sens. Il déclara avoir fait un songe qui l’appelait à la prière. Et entonna ce qu’il avait entendu. Quand il eut fini le récit de son rêve, Mouhamed (PSL) lui indiqua que c’est précisément ce qu’il fallait. La voix d’un homme pour appeler à la prière. Ainsi, le Prophète porta son choix sur Bilal Ibn Rabah. Il ne l’avait pas choisi parce que seulement sa voix portait très loin. Il ne l’avait pas désigné uniquement parce que sa voix était des plus mélodieuses. En faisant de Bilal Ibn Rabah le premier muezzin de l’Islam, Mouhamed (PSL) donnait un des plus parfaits exemples et un signal fort. Pouvant être considéré comme l’un des plus importants symboles de l’Islam, l’appel à la prière revenait à un ancien esclave. « Ô vous qui croyez! Lorsque vous entendez l’appel à la prière, le vendredi, accourez à l’invocation d’Allah et laissez toute transaction commerciale. Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez! » (Sourate 62, verset 9). Il avait désigné un noir pour tirer les plus distingués notables du sommeil. Originaire d’Abyssinie, Bilal Ibn Rabah, fils d’esclaves, n’avait pas à réciter des formules toutes faites. Il lui était demandé de personnaliser son appel. Bilal Ibn Rabah s’était distingué en opposant à ses tortionnaires, qui le suppliciaient pour qu’il renie l’Islam, un retentissant et répétitif ahad, ahad, ahad « Dieu est unique, Dieu est unique, Dieu est unique ». Racheté par la suite par Abou Bakr qui le libéra de ses chaines, Bilal Ibn Rabah devint depuis ce jour-là, l’un des plus fidèles compagnons du Prophète (PSL).
En désignant Bilal Ibn Rabah premier muezzin de l’Islam, Mouhamed (PSL) récompensait son courage, en plus de porter la négation sur la race, l’ethnie ou le statut social.
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Par Sidi Lamine NIASS
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