CHRONIQUE DE SIDI
Les Médinois ne s’y étaient pas trompés. C’est la pleine lune qui s’était levée sur eux. En s’y installant, le Prophète Mouhamed (PSL) avait amené avec lui à Médine un lustre (al-Munawwara). Pas pour uniquement éclairer la cité hospitalière mais repousser les limites des ténèbres dans le monde entier. Si à la Mecque, on l’a chassé, à Médine, tout le monde voulait s’emparer de lui, profiter de la manne qu’il allait déverser dans la cité où ses parents ont jadis perdu la vie. La Mecque, le centre du monde où le prophète Ibrahim (PSL) avait érigé la Ka’ba, avait besoin de cette phare venant de Médine pour se débarrasser de ses idoles. Il ne restait qu’à bien fixer les piliers tenant la lanterne.
Avant l’arrivée du Prophète Mouhamed (PSL), les Médinois, divisés en deux principales tribus, les Aws et les Khazraj, se livraient des batailles sans fin. Ils passaient le plus clair de leur temps à combattre ou à préparer la prochaine confrontation. L’amour prit la place de la haine dans les cœurs, l’animosité se mue en amitié et comme un seul homme, Aws et Khazraj entonnèrent le même refrain, souhaitant la bienvenue au Messager.
Il fallait très vite trouver une habitation au Prophète. Tout le monde voulut avoir le privilège de l’accueillir. Les candidatures se multiplièrent, on se bouscula pour avoir l’honneur d’héberger le Prophète (PSL). Ce dernier bien qu’heureux de susciter autant d’enthousiasme ne se précipita pas cependant. Au rang des nombreuses propositions, figuraient des pièges. Certains parmi ceux qui gouvernaient la cité continuaient à nourrir secrètement la rancune. Abd-Allah ibn Ubayy, de la tribu des Khazraj, est à compter parmi « ces hypocrites ». Emportés la ferveur collective, ils n’avaient d’autre choix que de se plier et d’accepter la nouvelle religion au risque de se faire marginaliser dans leur propre cité. Seulement, ils étaient à l’affût, épiant le Prophète, à la recherche de la moindre brèche laissant entrevoir un manquement. En demandant à accueillir le Messager, ils cherchaient plus à pouvoir le présenter comme plus proche des riches qu’à le servir. En homme averti, Mohamed (PSL) chargea son chameau de lui trouver la place où ériger sa future demeure. L’animal, comme s’il comprenait de quoi il était question, fit plusieurs allers-retours, avant de s’affaler sur le sol. Tout le monde comprit que c’était le lieu indiqué. C’était la place où Mohamed (PSL) érigea sa première demeure à Médine et sa dernière. Il se renseigna sur l’identité des propriétaires du terrain. On lui indiqua qu’il était la propriété de deux jeunes orphelins. Ces derniers acceptèrent de le lui céder. Le terrain obtenu, les travaux ne mirent pas de temps à commencer. Il prit lui-même part aux travaux, encourageant ainsi leur rapidité. Avec dattiers, palmiers et argile à suffisance, très vite, la demeure sortit de terre pour devenir une maison jouxtant une mosquée. 0
Le Prophète Mouhamed (PSL) tenait absolument à la construction rapide de cette première mosquée. Il voulait symboliser l’Islam. Il lui avait trouvé plus qu’un lieu de culte où les fidèles pouvaient se retrouver pour prier. Le nouvel Etat qui était en train de se dessiner au même titre que les bâtiments en travaux, allait être administré à partir de la mosquée où tous les hommes étaient égaux. Il était d’emblée décidé que personne ne devrait être forcé à embrasser l’Islam. Les juifs qui étaient présents dans la cité avaient le droit de rester fidèles à leurs croyances.
Mouhamed (PSL) n’avait pas perdu de temps. Aussitôt arrivé, il avait engagé les siens dans des travaux comme s’il avait flairé la survenance d’événements face auxquels il fallait être prêt au plus vite.
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Par Sidi Lamine NIASS
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