Biram SENGHOR, 86 ans, fils de Mbap SENGHOR, un tirailleur sénégalais tué en 1944 lors du massacre de Thiaroye, a déposé plainte ce mardi 24 juin 2025 à Paris contre X et l’État français pour « recel de cadavre ».
Son père, Mbap SENGHOR, est décédé le 1er décembre 1944 sous les balles de l’armée coloniale française après avoir réclamé le paiement de sa solde.
Cette action intervient sept mois après la reconnaissance par la France de ce crime colonial.
Selon l’avocat de Biram SENGHOR, Mbaye DIENG, la plainte vise à obtenir le retour du corps de son père pour qu’il puisse l’honorer, et dénonce l’opacité maintenue depuis 80 ans autour des faits et l’accès aux documents qui permettraient de localiser les corps et de connaître le nombre de victimes.
Le massacre de Thiaroye, longtemps présenté comme une mutinerie réprimée, a officiellement fait 35 morts, mais des historiens estiment le nombre dix fois supérieur.
La France affirme avoir remis au Sénégal l’intégralité des archives dès 2012, mais des doutes persistent quant à la détermination de Paris à faire toute la lumière sur cette tuerie.
L’acte de décès de Mbap SENGHOR l’avait initialement qualifié de déserteur, une qualification sur laquelle, l’État français est revenu après des années de combat de son fils.
Le dossier de Thiaroye est redevenu un enjeu majeur dans les relations franco-sénégalaises, notamment après l’octroi en juin 2024 de la mention « Mort pour la France » à six tirailleurs, dont Mbap SENGHOR.
Cette décision avait suscité la colère du chef du gouvernement sénégalais, Ousmane SONKO, qui a rappelé que la France ne pouvait plus décider seule du récit de cette tragédie ni des réparations dues.
Le Sénégal a entrepris des fouilles archéologiques dans la zone du cimetière de Thiaroye pour localiser les corps et établir le nombre de victimes. Une commission d’historiens franco-sénégalais travaille également à la rédaction d’un livre blanc.
Liboire SAGNA