« Le Café Touba, un patrimoine gastronomique des mourides au Sénégal : Étude du discours et des enjeux d’une pratique alimentaire », sera l’objet d’une soutenance de thèse de doctorat ce vendredi à l’Université Cheikh Anta DIOP (UCAD), plaçant sous les projecteurs une boisson emblématique du Sénégal : le Café Touba.
L’étude offre une exploration à la croisée de la « gastronomie, de la spiritualité et de la sociologie ».
Longtemps perçu comme une simple boisson, le Café Touba et sa consommation n’avaient jamais été pleinement resitués dans le contexte historique et religieux du mouridisme.
C’est précisément l’objectif principal de l’étude de Mamadou NGOM, qui, à travers des enquêtes et observations minutieuses sur le terrain, a permis de caractériser les contours de cette pratique alimentaire et, surtout, de la reconnaître comme un véritable « patrimoine gastronomique des mourides du Sénégal ».
L’examen historique de cette pratique a mis en lumière « le processus d’appropriation du café par la communauté mouride, depuis sa découverte par Cheikh Ahmadou BAMBA ».
Véritable patrimoine gastronomique des mourides
Plus encore, la thèse révèle la politique de valorisation et de patrimonialisation menée par les fils, notamment les Califes généraux, à travers leurs appels et sermons, qui ont contribué à élever le statut de cette boisson.
La description détaillée du cadre de préparation et de consommation du Café Touba a permis de comprendre que cette pratique est profondément encadrée par des pratiques culturelles et religieuses, dictées par des recommandations et des interdits spécifiques.
Au-delà de ses qualités intrinsèques (son goût distinctif, sa valeur olfactive, ses effets stimulants et tonifiants) le Café Touba est consommé par les mourides sous diverses motivations.
Il représente « l’accomplissement d’un Ndigeul (recommandation religieuse), une affirmation identitaire, un moyen de rapprochement communautaire, et revêt également des valeurs symboliques, sacrées, thérapeutiques et spirituelles ».
Cependant, l’étude de Mamadou NGOM ne se contente pas d’explorer la dimension culturelle et religieuse.
Elle confronte également la perception des mourides, qui ne voient aucun inconvénient à la consommation de ce café, avec le discours scientifique du corps médical.
Ce dernier estime que la consommation du Café Touba pourrait être une cause et un facteur de développement de nombreux méfaits sur l’organisme humain, soulevant ainsi des questions importantes de santé publique.
Liboire SAGNA