À l’approche de la date butoir du Débat d’Orientation Budgétaire (DOB), fixé au 30 juin par la loi organique relative aux lois de finances (LOLF), la tension monte dans le débat public. Dans un post publié sur sa page Facebook, Thierno BOCOUM, président du mouvement Agir – Les Leaders, s’alarme d’une « double crise budgétaire » qu’il qualifie de « crise de légalité et de sincérité ».
L’opposant s’appuie notamment sur des informations publiées par le quotidien Les Échos dans son édition du 17 juin. Selon ce média, la Loi de Finances Rectificative (LFR) et le DOB 2025 auraient été « adoptés » par le Bureau de l’Assemblée nationale, en attendant leur examen en plénière. Une procédure que l’opposant juge irrégulière, en l’absence d’une adoption préalable en Conseil des ministres.
Dans son argumentaire, l’ancien député cite les articles 55 et 56 de la LOLF n°2020-07 du 26 février 2020, qui imposent une adoption formelle en Conseil des ministres des projets de lois de finances et des documents de programmation budgétaire. Il souligne que les communiqués officiels du Conseil des ministres des 4 et 21 mai derniers ne mentionnent à aucun moment une validation de ces textes. « L’équation est simple : sans adoption formelle en Conseil des ministres, la LFR et le DOB n’ont pas de base juridique valide », écrit-il. Selon lui, cette situation traduit une rupture du cadre institutionnel et remet en question la sincérité des arbitrages budgétaires en cours.
En parallèle, M. COCOUM dénonce le maintien du budget 2025 dans sa version initiale, malgré les nouvelles données révélées par la Cour des comptes depuis février. Il estime que l’absence de Loi de Finances Rectificative, censée actualiser les prévisions à la lumière du contexte économique, affaiblit la transparence de la gouvernance budgétaire. Il met en garde contre les conséquences concrètes d’un tel décalage : « Les partenaires techniques et financiers perçoivent l’absence de LFR comme un signe d’opacité. Le Parlement risque de débattre du DOB sans accès aux données exécutées, et les décisions publiques deviennent illisibles, fragiles et déconnectées du réel. »
Du côté des autorités, le ministère des Finances a récemment annoncé la publication, pour le 23 juin, des Rapports Trimestriels d’Exécution Budgétaire (RTEB) du quatrième trimestre 2024 et du premier trimestre 2025, expliquant ce retard par des besoins de fiabilisation des données et de réforme du traitement des dépenses extrabudgétaires.
Babacar NGOM