Le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) a lancé un pavé dans la mare en dénonçant une situation qu’il qualifie de « fraude administrative » et de « substitution frauduleuse de décrets » qui paralyse depuis 2018 l’alignement des greffiers à la hiérarchie A2 et la création du corps des assistants des greffes et parquets (AGP).
Dans une note parvenue à Walfnet, le Sytjust souligne un blocage persistant qui pourrait mener à de nouvelles grèves.
Selon le syndicat, malgré plusieurs tentatives de correction initiées par divers ministres de la Justice, un « noyau de juristes de la Fonction publique continue d’opposer des avis juridiques sans fondement », créant une situation de paralysie illégale et injustifiée.
Le cœur du problème remonte au Conseil des ministres du 25 juillet 2018, qui avait validé deux projets de décret visant ces réformes, sans condition préalable de formation.
Cependant, le Sytjust affirme que ces textes ont été « substitués par d’autres, signés par le président de la République à son insu », imposant frauduleusement des formations non validées.
Cette manœuvre est dénoncée comme une violation flagrante de plusieurs principes constitutionnels, notamment « le principe de légalité administrative », « le principe de continuité de l’État » et « le principe de bonne foi dans l’action publique« .
Le Sytjust souligne que depuis 2020, et malgré des tentatives de correction, un groupe d’acteurs au sein de la Fonction publique bloque toute avancée en produisant des « avis juridiques systématiquement défavorables, sans base textuelle ni argument de droit crédible ».
Ces blocages seraient le résultat d’un « pouvoir d’influence abusif ».
Le Bureau exécutif national du Sytjust exprime son indignation face à une situation où « des fonctionnaires de l’ombre peuvent contrecarrer, sans sanction, la volonté du gouvernement ».
Le syndicat exhorte le ministre de la Fonction publique à « faire prévaloir la logique de l’État de droit » plutôt que des logiques « corporatistes ou personnelles« .
Il appelle également le chef de l’État, « garant du bon fonctionnement des institutions », à ne pas rester « passif face à une fraude administrative documentée ».
Face à ce qu’il perçoit comme un déni de justice et une entrave au bon fonctionnement de l’administration, le Syndicat des travailleurs de la justice annonce la « reprise prochaine des mouvements d’humeur et des grèves dans le service public de la justice ».
Le Sytjust réclame « l’exécution d’une décision de l’État », refusant « d’humilier une corporation essentielle » et de « trahir l’idéal de gouvernance sobre et vertueuse » que le Sénégal prétend incarner.
Liboire SAGNA