L’Inspection générale d’État (IGE) a lancé un audit approfondi sur la gestion d’Air Sénégal, couvrant la période 2017-2024. Selon L’Observateur, cette investigation vise à faire la lumière sur les pertes financières importantes, une dette conséquente et plus de 100 milliards FCFA engagés dans la location d’appareils. Depuis le 30 avril, les auditeurs investissent les locaux de la compagnie nationale, en collaboration avec le cabinet Affirmative-Afrique dirigé par Tahir NDIAYE. Ils analysent des documents clés, notamment un rapport de KPMG et un audit interne confidentiel, tout en auditionnant anciens dirigeants, fournisseurs et partenaires stratégiques.
Cette inspection ne relève pas d’un simple contrôle de routine. L’IGE mène une enquête à triple volet, technique, opérationnel et financier, impliquant plusieurs figures ayant dirigé Air Sénégal, dont Mamadou Lamine SOW, Philippe Bohn, Ibrahima KANE et Alioune Badara FALL.
La pertinence de la création d’une compagnie domestique, indique le canard, le choix des aéronefs, les conditions des contrats de maintenance et surtout les dépenses en leasing sont scrutés. Près de 100 milliards FCFA ont été engagés dans ces contrats, souvent signés sans garantie de rentabilité, un point qui retient particulièrement l’attention des enquêteurs.
L’audit est une conséquence directe du conseil interministériel présidé par le Premier ministre Ousmane SONKO, explique L’Observateur. Lors de ce conseil, des mesures ont été annoncées pour faire la lumière sur la gestion jugée défaillante d’Air Sénégal. Les enquêteurs examinent également les contrats d’acquisition ou de location des ATR, Let 410, A330 Néo et A220. À ce titre, Alioune FALL, dirigeant de Transair et sous-traitant d’Air Sénégal, a été entendu après un incident impliquant un de ses appareils à l’aéroport Blaise Diagne.
Parmi les personnalités interrogées figurent l’ex-DG Ibrahima KANE et son successeur, Alioune Badara FALL, auditionné le 17 mai. Le président du conseil d’administration, Joseph Mamadou DIOP, a également été convoqué pour clarifier des accusations de conflits d’intérêts et d’éventuelles influences internes.
Pour garantir la transparence, l’IGE pourra s’appuyer sur des ressources internes à Air Sénégal avec l’accord du ministère des Transports aériens. Cette démarche vise à éviter tout soupçon de partialité et à assurer un audit global couvrant les volets organisationnel, opérationnel et financier.
Malgré un soutien public massif depuis sa relance en 2018 – avec près de 181 milliards FCFA injectés par l’État – Air Sénégal a enregistré des pertes de 89 milliards FCFA en 2022 et 57 milliards en 2023, révélant d’importantes failles managériales.
Khadydja NDIAYE