Succès Masra, ancien Premier ministre et président du parti d’opposition Les Transformateurs, a été interpellé à l’aube du vendredi 16 mai à son domicile du quartier Gassi, dans le VIIᵉ arrondissement de N’Djamena. Selon RFI, des hommes armés des forces de défense et de sécurité se sont présentés à 5 h 56, ont forcé l’entrée de sa résidence et l’ont conduit vers une destination inconnue.
Le procureur de la République, Oumar KEDELAYE, a précisé lors d’un point presse que Succès MASRA est poursuivi pour «incitation à la haine» sur ses réseaux sociaux, en lien avec l’attaque meurtrière survenue mercredi dans le village de Mandakao (Logone occidental), qui a fait 42 morts, principalement des femmes et des enfants. Il fait également l’objet de poursuites pour «complicité d’assassinat», «incendies volontaires» et «profanation de sépultures».
Du côté des Transformateurs, on dénonce une «action brutale, menée en dehors de toute procédure judiciaire connue» et «en violation des droits civiques et politiques garantis par la Constitution». Ndolembaye DJESDA, vice‑président du parti, rappelle que le mouvement a toujours prôné la lutte pacifique : «Si jamais un jour nous devons changer d’option, nous le dirons nous‑mêmes à notre peuple.»
Succès MASRA, rentré d’un exil de dix‑huit mois en janvier 2024, avait été nommé Premier ministre par le président Mahamat Idriss Déby ITNO avant de démissionner quelques mois plus tard. Il avait depuis enchaîné critiques du régime et appels au dialogue, estimant notamment le 29 avril que «le président ne respectait plus l’esprit de l’accord de Kinshasa» et dénonçant des «changements cosmétiques» de la transition.
Le parquet confirme qu’un mandat d’amener a été exécuté par la police judiciaire mais ne divulgue pas le lieu de détention de l’ancien Premier ministre. L’enquête se poursuit, tandis que l’opposition tchadienne attend des éclaircissements sur les motifs et les suites de cette arrestation.
Babacar NGOM