La loi d’amnistie promulguée par l’ancien président Macky SALL continue de susciter de réactions.
Le député et ancien procureur près la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI), Alioune NDAO, a exprimé de sérieuses réserves quant à la portée et aux intentions de ce texte, ce mercredi 2 avril, lors des débats à l’Assemblée nationale.
Selon le parlementaire, la loi d’amnistie serait « bourrée de pièges » et aurait été conçue par Macky SALL dans le but principal d’ »assurer ses arrières » et de mettre son régime ainsi que ses proches à l’abri de potentielles poursuites judiciaires.
Une loi « trop large » selon l’ancien procureur
« Il savait qu’on aurait ce genre de polémique, si on décide de modifier sa loi », a argué le magistrat à la retraite, soulignant la complexité et les zones d’ombre entourant l’application du texte.
Dans la foulée, Alioune NDAO a salué « le député Amadou Ba pour avoir eu le courage de proposer une loi interprétative afin de délimiter le champ d’application de la loi d’amnistie. »
Cette proposition vise à clarifier les faits et les personnes concernées par l’amnistie, suscitant un débat animé au sein de l’hémicycle.
L’ancien procureur de la CREI a ensuite critiqué la portée générale de la loi initiale, estimant qu’ « on ne peut pas amnistier tous les faits, qu’ils soient criminels ou correctionnels. Ce n’est pas possible et c’est ce que le régime de Macky SALL a fait. »
Selon lui, une amnistie aussi large pose des problèmes de principe et pourrait entraver la manifestation de la vérité et la justice pour les victimes de certaines infractions.
Les « commanditaires » des violences dans le viseur
Profitant de son temps de parole, le député Alioune NDAO a réfuté les arguments de ceux qui s’opposent à la proposition de loi interprétative en pointant du doigt une prétendue victimisation des forces de défense et de sécurité (FDS).
« Ceux qui disent que ce sont les FDS qui sont visées ont tout faux. Ce sont les commanditaires qui sont visés en premier lieu », a-t-il déclaré avec fermeté.
Le parlementaire a ensuite nommément cité plusieurs figures de l’ancien régime : « Commençant par le président de la République [Macky SALL], le ministre de l’Intérieur [son ancien substitut Antoine DIOME], le ministre des Forces armées [Sidiki Kaba]… Tous ceux qui ont donné des instructions pour tirer sur les populations », a précisé Alioune NDAO, les désignant clairement comme les principaux responsables des éventuelles exactions commises lors de périodes de troubles.
Liboire SAGNA