Trois ans après le rachat de Bolloré Africa Logistics par le groupe suisse MSC, Vincent Bolloré et ses activités de transport et maritimes en Afrique sont à nouveau sous le coup d’une plainte pour corruption.
Un collectif a déposé plainte contre le groupe Bolloré, le milliardaire français et son fils Cyrille pour recel et blanchiment d’actifs, alors que plusieurs ports en Afrique étaient à l’époque gérés par le groupe, a appris l’AFP le 19 mars. Le collectif « Restitution pour l’Afrique (RAF) » est composé d’une dizaine d’associations basées au Togo, en Guinée, au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Il est également soutenu par un consortium international d’avocats.
Selon la plainte consultée par l’AFP, le recel présumé concerne les activités du groupe au Cameroun, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Le blanchiment concerne le Togo et la Guinée. D’après les plaignants, des pratiques du groupe comme le financement de campagnes électorales ou des contrats attribués sans appels d’offres, « constituent la face émergée d’un système » Bolloré.
Bolloré Africa Logistics possédait à l’époque un réseau de 16 concessions portuaires, des entrepôts et des hubs routiers et ferroviaires dans une vingtaine de pays africains. Le groupe n’a pas réagi à ce dépôt de plainte auprès de l’AFP.
Récupérer les fonds
« Cette plainte se focalise sur les corrupteurs, c’est-à-dire ceux par lesquels l’argent est injecté dans des territoires où il est blanchi », explique l’avocat parisien Antoine Vey. Une partie de la plainte porte en effet sur le supposé « blanchiment » des profits issus des concessions obtenues de manière frauduleuse dans plusieurs pays. Regroupées au sein de Bolloré Africa Logistics, ces concessions constituent, selon les plaignants, « une part substantielle de la valeur d’entreprise de cette filiale, laquelle a été cédée en 2022 pour un montant de 5,7 milliards d’euros ».
À la tête du collectif RAF, Jean-Jacques Lumumba confirme que l’objectif de cette plainte est de « cibler l’argent sale qui a été perçu par le corrupteur et le restituer aux peuples africains qui ont été lésés ». Sur son compte X, il évoque une démarche « panafricaine ». À cause de ce blanchiment présumé, « c’est moins d’hôpitaux, moins d’écoles, moins de routes, moins de projets d’infrastructures. Et c’est un avenir qu’on est en train d’enlever à nos jeunes », insiste le lanceur d’alerte congolais.
Avec AFP et Jeune Afrique
« C’est une plainte préparée depuis plusieurs mois, inédite parce qu’il y a un caractère panafricain et qu’on veut s’attaquer aux corrupteurs et redistribuer à ceux qui s’estiment floués », explique à BFMTV LUMUMBA, président du collectif et militant anti-corruption.
Les associations comptent sur l’application de la loi française de 2021 qui permet de financer des projets de développement dans des pays étrangers grâce aux avoirs saisis dans des affaires de « biens mal acquis ».
La justice française avait déjà été saisie depuis 2013 pour corruption. Le groupe avait alors négocié un accord en vertu duquel il s’est acquitté d’une amende de 12 millions d’euros contre l’abandon des poursuites. En revanche, le parquet financier a requis en 2024 un procès pour corruption et complicité d’abus de confiance contre Vincent Bolloré.