La Direction générale de la protection judiciaire et sociale (DGPJS) a rendu public ce mardi son rapport national 2023, dressant un bilan de la prise en charge des enfants et jeunes en situation de vulnérabilité au Sénégal.
Les chiffres révèlent que 17 057 mineurs (0-18 ans) victimes, témoins ou en conflit avec la loi, ainsi que des jeunes en danger de moins de 21 ans, ont bénéficié d’un accompagnement au sein des 12 centres dédiés à leur protection, rééducation et réinsertion sociale.
Lors de la présentation du rapport, la directrice générale de la DGPJS, Aïssy Gassama TALL, a souligné les efforts considérables déployés par ses équipes malgré un manque criant de structures d’accueil et de personnel qualifié.
« Ces enfants, souvent issus de milieux socioéconomiques défavorisés, ont pu bénéficier d’un soutien essentiel sur les plans sanitaire, éducatif, professionnel et psychosocial », a-t-elle déclaré.
Malgré les contraintes, les résultats obtenus dans les différents centres sont jugés encourageants. Madame Gassama TALL s’est notamment félicitée des taux de réussite enregistrés aux examens.
« Au CEFE, au BFM et ce pour la sixième année consécutive, nous enregistrons un taux de réussite de 48 %. Au CAP, ce taux s’élève à 66 %, et nous sommes particulièrement fiers des 100 % de réussite au Certificat de spécialité, avec neuf candidats admis sur neuf ».
Le rapport met en lumière une concentration significative de la vulnérabilité dans les zones urbaines, Dakar arrivant en tête avec 33 % des cas recensés.
L’application de l’article 576 du Code de procédure pénale pointée du doigt
Cependant, Aïssy Gassama TALL a exprimé une vive préoccupation concernant l’application de l’article 576 du Code de procédure pénale, qui stipule que le placement en détention des mineurs ne doit être envisagé qu’en dernier recours, lorsque cela est indispensable ou en l’absence d’alternatives viables.
« Dans 84 % des dossiers signalés, les enfants sont placés sous mandat de dépôt, contre 76 % pour ceux en instruction. Ces chiffres interpellent fortement », a-t-elle regretté.
Face à cette situation, la directrice générale de la DGPJS a lancé un appel pressant à la construction de nouveaux centres d’accueil et de rééducation.
Selon elle, l’augmentation du nombre de structures permettrait « d’offrir aux magistrats des alternatives crédibles à l’incarcération et de garantir une prise en charge plus adaptée aux besoins spécifiques de chaque enfant en conflit avec la loi ».
Liboire SAGNA