La migration accrue est l’un des symptômes les plus manifestes et les plus importants de la mondialisation. Contrairement aux prêt-à-penser, on ne pourra pas arrêter l’immigration, car elle est devenue l’une des grandes données de notre temps, comme l’environnement, l’énergie ou
l’urbanisation de la planète. L’immigration fait partie de l’histoire du monde et elle s’est accélérée au XXIe siècle. Depuis 2006 l’Espagne et le Sénégal ont conclu des accords sur le flux de migrants. Lors de la visite du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez à Dakar, les deux
pays se sont engagés à renforcer leur coopération dans des domaines clés tels que l’agriculture, la formation professionnelle, et la lutte contre l’immigration irrégulière.
En tant que membre de l’Organisation des Nations Unies, le Sénégal a adhéré à un ensemble de principes universels matérialisés à travers différents instruments et impactant plus ou moins sur la situation des travailleurs migrants 2 . Ce sont, entre autres, la Déclaration Universelle des droits de l’Homme (article 10), le Pacte relatif aux droits civils et politiques (article 2), le Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention relative aux statuts des réfugiés et la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.
Selon la nouvelle orientation des politiques publiques de l’agenda 2050, la migration circulaire serait un mécanisme majeur pour satisfaire la demande croissante de main-d’œuvre dans les pays de destination qui ne peut plus être comblée au niveau local. Elle est aussi un moyen pour promouvoir le développement dans les pays d’origine et contrebalancer la fuite des cerveaux. Enfin, elle permet de réduire l’immigration irrégulière en ouvrant de canaux d’immigration légaux pour une période de temps définie et limitée.
Aux fins de la convention N°97 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), le terme travailleur migrant désigne une personne qui émigre d’un pays vers un autre pays en vue d’occuper un emploi autrement que pour son propre compte ; il inclut toute personne admise régulièrement en qualité de travailleur migrant. Considérée comme la meilleure forme de migration temporaire par les décideurs politiques, la migration circulaire est définie par l’OIM comme le mouvement fluide de personnes entre pays, y compris le mouvement temporaire ou de
longue durée, pouvant être profitable à tous ceux qu’il implique, s’il est volontaire et lié aux besoins de travail des pays d’origine et de destination.
Ces dernières années, le concept de migration circulaire a été promu dans les cercles internationaux comme une solution aux problèmes persistants et difficilement surmontables liés aux migrations internationales. Il a même été présenté comme étant l’avant-garde des politiques
migratoires et de développement. Érigés en alternatives à l’immigration permanente ou illégale, la migration circulaire valorise un modèle gagnant-gagnant de l’immigration qui méritera d’être questionné, tant dans les pays récepteurs que dans les pays émetteurs de maind’œuvre et pour les travailleurs migrants.
La migration circulaire, un cadre de partenariat gagnant- gagnant
Opérant une rupture systémique dans le cadre du partenariat, le Président de la République Bassirou Diomaye FAYE et son gouvernement ont redoré le blason diplomatique du Sénégal par une approche souverainiste. Conscient que la migration régulière est un levier de prospérité et de développement économique, social et culturel inclusif, le gouvernement du Sénégal, sous la conduite du Premier ministre Ousmane SONKO, travaille sur les voies et moyens de stopper les vagues de départs à l’immigration irrégulière. C’est dans cette optique que le gouvernement très préoccupé pour relever les défis de l’emploi de la jeunesse a renouvelé le partenariat du Programme de Migration Temporaire, un modèle de gestion win-win des mobilités humaines.
Le royaume d’Espagne, convaincu de la bonne volonté des autorités du Sénégal, a augmenté le quota de recrutement de 150 sénégalais et sénégalaises l’année précédente à 250 sénégalais et sénégalaises en 2025 dans le cadre du programme de migration circulaire. De l’autre bout du monde, le Ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions a conclu une visite au Qatar en décrochant 1.000 opportunités d’emploi pour les sénégalais et sénégalaises. Ces postes, répartis dans des secteurs variés tels que la technologie, les sciences, la médecine et la logistique, visent à renforcer les liens entre le Sénégal et le Qatar tout en offrant des
perspectives professionnelles aux travailleurs qualifiés du pays.
Des preuves vivantes existent et pourraient même être exhibées comme des trophées de réussite de cette stratégie, avec comme trame de fond des contrats saisonniers dans le domaine de l’agriculture. Avec ce nouveau régime engagé à protéger les citoyens d’ici et d’ailleurs, il n’y a plus à s’inquiéter sur les partenariats du Sénégal avec les autres Etats, le nouveau référentiel des politiques publiques place le citoyen au centre de ses actions. C’est fort de ce constat que témoigne un bénéficiaire du programme « Avec le gouvernement du Premier ministre Ousmane SONKO, la migration circulaire ne sera plus une utopie ou pratique politicienne. Nous en sommes à deux voyages qui ont duré chacun trois mois et chaque fois nous sommes revenus. Je suis satisfait en tant que sénégalais, autant pour ce qui est de la rémunération que sur les conditions de vie. Nous avons bénéficié de tout ce que les Espagnols ont. Par exemple, la sécurité sociale, la prise en charge médicale, entre autres privilèges de travailleurs. »
La migration circulaire, la solution à l’immigration meurtrière des jeunes par la voie de l’atlantique
Etant un des principaux points de départ pour les milliers d’Africains qui prennent depuis des années la périlleuse route de l’Atlantique pour l’Europe, le gouvernement du Sénégal a pris des mesures sécuritaires, économiques, financières et sociales d’urgence afin de neutraliser les
départs d’émigrants à partir du territoire national. Face à ce flot de départs de pirogues à destination des Canaries, il y a bien eu des sauvetages dans l’Atlantique, au large du Sénégal ou dans les eaux territoriales espagnoles. Mais elles n’ont pas empêché une série de drames humaines. L’organisation, qui alerte les autorités maritimes concernant la présence de bateaux en détresse, évoque le triste record de trente (30) personnes décédées par jour en moyenne, entre début janvier et mi-décembre 2024.
Dans la quête de solution et d’opportunité pour les jeunes, le Président de la République Bassirou Diomaye FAYE soutient la promotion d’une mobilité sûre, légale et digne par le biais de programmes de migration circulaire de main-d’œuvre afin d’interrompre les vagues de l’immigrations irrégulières. Les efforts de collaboration nécessaires pour une migration mutuellement bénéfique, répondant à la fois aux besoins économiques et à réduire l’immigration irrégulière dangereuses de la jeunesse.
L’accompagnement en amont et en aval pour un cycle migratoire fructueux
La promotion de l’utilisation des compétences, des aptitudes et des ressources acquises tout au long du cycle migratoire est centrale pour garantir que la migration circulaire, en particulier les mesures de réintégration, puisse s’arrimer aux efforts de développement du Sénégal notamment de l’agenda 2050. Cela facilitera le retour des migrants pour des perspectives plus prometteuses au Sénégal. Par exemple, dans le cadre du travail temporaire, les travailleurs coréens partis travailler au Moyen-Orient pour des projets dans les années 1970 ont acquis des compétences dans l’industrie et la gestion de projet qu’ils ont pu appliquer en Corée une décennie plus tard dans de grands projets de construction lors de la vague d’industrialisation.
Dans la dynamique d’un développement endogène, il est important de noter que des mesures de réintégration globale devront être mises en place avant même que les travailleurs saisonniers ne quittent le pays, afin qu’ils soient bien préparés et qu’ils aient le temps d’envisager de possibles opportunités après la migration. Cette condition préalable peut aider les saisonniers à faire de leur mieux pour mobiliser les moyens humains, financiers et sociaux avant, pendant et après la migration.
L’orientation et la formation professionnelles des travailleurs saisonniers avant l’émigration permettraient de mieux les préparer à la réintégration sur le marché du travail ou à la création de petites entreprises à leur retour ; et ces mesures devraient donc être intégrées dans le cadre des accords de travail, ce qui permettrait de poser les bases pour une éventuelle coopération internationale dans l’accompagnement des saisonniers sénégalais.
La migration circulaire, moteur de croissance socio-économique
Avec la migration circulaire, les travailleurs migrants ont la possibilité d’épargner une partie de leurs revenus, ce qui peut être bénéfique à leur retour au Sénégal. Cette capacité d’épargne contribue non seulement à améliorer la situation financière des familles des travailleurs mais également à renforcer l’économie sénégalaise grâce aux transferts de fonds. Lorsque les migrants reviennent au Sénégal, ils rapportent avec eux des compétences et des expériences acquises à l’étranger. Ces compétences accrues contribuent au développement des secteurs locaux, stimulant l’innovation et la productivité. Dans l’agenda 2050, le deuxième moteur de croissance de l’économie sénégalaise identifiés à côté des ressources extractives est l’agriculture et les industries agroalimentaire. Dans le cadre du nouveau modèle agricole, l’expérience des
migrants saisonniers peut apporter une plus-value importante par l’acquisition de nouvelles compétences et le transfert technologique.
Aux avantages sociaux et aux montées en compétence dont bénéficient les individus, il convient d’ajouter les transferts de fonds, de savoir-faire et de technologie, ainsi que les possibilités d’investissement contribuant au développement territorial du pays. Travailler dans un nouvel environnement, au côté des professionnels des pays d’accueil, permet un échange enrichissant ainsi que l’acquisition de nouvelles techniques. Cette symbiose favorise le développement des compétences et la capacité à travailler efficacement dans des environnements multiculturels.
Samba DIONE, Chargé de Mission à la Présidence de la République du Sénégal
Doctorant en Sciences Politiques/Etudes Internationales