Le rapport alarmant du Groupe pour l’étude et l’éducation de la population (GEEP) sur les cas de grossesse en milieu scolaire a provoqué la colère du syndicat des enseignants libres du Sénégal SELS/A.
Dans son communiqué le syndicat a appelé à «un renforcement de la protection des élèves en milieu scolaire, notamment à travers «l’éducation à la santé reproductive dès le cycle moyen avec l’implication des enseignants, des Ong et des leaders communautaires».
Selon le document, « en 2024, le recensement des cas de grossesses a couvert 1332 établissements publics de moyen secondaire sur un total de 1573 ciblés (Cem et lycées de la carte scolaire), soit un taux de couverture de 85% du réseau scolaire ».
« L’éducation à la vie familiale permettrait d’aborder la question de la sexualité »
L’éducation sexuelle, un sujet sensible et complexe, continue de susciter de vives réactions au Sénégal.
Imam Akhmad KANTÉ, a exprimé ses préoccupations concernant l’introduction de nouveaux modules d’éducation sexuelle dans les établissements scolaires.
«L’éducation sexuelle est un sujet qui reste très flou », a déclaré l’Imam KANTÉ.
« Au Sénégal, nous avons des valeurs et un modèle familial que nous souhaitons préserver. Il est donc essentiel que l’éducation sexuelle s’intègre de manière cohérente avec ces valeurs, sans adopter une approche qui serait perçue comme importée ou incompatible avec notre culture».
L’Imam a souligné l’importance de l’éducation à la vie familiale, qu’il considère comme une approche plus globale et plus adaptée au contexte sénégalais.
« Je me méfie du terme restrictif ‘éducation sexuelle», a-t-il précisé estimant que « l’éducation à la vie familiale permettrait d’aborder la question de la sexualité comme un aspect parmi d’autres».
Concernant l’influence des modèles occidentaux, l’Imam KANTÉ s’est montré vigilant.
« On constate actuellement comment l’Europe évolue vers la légalisation des droits des communautés LGBT et comment cela s’intègre dans les écoles », a-t-il observé.
«Il est donc essentiel de définir notre propre modèle, un modèle qui soit en phase avec nos valeurs et notre histoire»
Un dialogue constructif entre tous les acteurs
Le religieux a également appelé à une concertation large et inclusive pour définir les contours de cette éducation sexuelle.
«Il ne s’agit pas d’exploiter ces questions de manière purement idéologique », a-t-il insisté.
« Les chiffres et les statistiques sont importants, mais nous parlons ici de valeurs sociétales. Il est crucial de les interpréter de manière appropriée et d’écouter les élèves, tant les garçons que les filles, afin de comprendre leurs préoccupations. »
Akhmad KANTÉ a par ailleurs plaidé pour une éducation sexuelle adaptée au contexte sénégalais, qui prenne en compte les spécificités culturelles et religieuses du pays.
Il appelle à un dialogue constructif entre tous les acteurs concernés afin de trouver un consensus sur les contenus à enseigner et les méthodes à adopter.
Liboire SAGNA