La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF), qui produit un rapport accablant faisant état de soupçons de blanchiment de capitaux à hauteur de 125 milliards de francs CFA, a secoué l’opinion publique sénégalaise. Au cœur de cette affaire, plusieurs noms sont cités dont celui du député Farba NGOM, très proche de l’ancien Président Macky SALL. Ce rapport, transmis au Pôle judiciaire et financier, a mis en lumière un réseau présumé de blanchiment d’argent d’une ampleur insoupçonnée. Face à la gravité des faits, le Parquet financier a décidé de saisir la justice pour demander la levée de l’immunité parlementaire du député.
Créée en vertu de la loi n° 2018-03 du 23 février 2018, la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) joue un rôle crucial dans la préservation de l’intégrité du système financier sénégalais et de la stabilité économique du pays. Elle est en effet l’organisme gouvernemental chargé de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Rôle et Missions
La CENTIF a pour mission le traitement et la transmission d’informations, en vue de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. A ce titre, elle est chargée de recueillir, d’analyser, d’enrichir et d’exploiter tout renseignement propre à établir I’origine ou la destination des sommes ou la nature des opérations ayant fait I’objet d’une déclaration ou d’une information reçue, au titre des dispositions des articles 15, 36,43,70,79,80,86,et 111 de la loi uniforme relative a la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) a également pour rôle de recevoir toutes autres informations utiles à I’accomplissement de sa mission notamment, celles communiquées par les autorités de contrôle ainsi que les officiers De police judiciaire. En plus de demander la communication par les assujetties ainsi que par toute personne Physique ou morale d’informations détenues par eux et susceptibles de permettre d’enrichir les déclarations de soupçon, la CENTIF peut notamment effectuer ou faire réaliser des études périodiques sur révolution des techniques utilisées aux fins du blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme au niveau du territoire national.
Recourir à des correspondants au sein des services de la police, de la gendarmerie, des douanes, du trésor ou de tout autre service de I ’État
Par ailleurs elle est chargée d’animer et de coordonner, aux niveaux national et international, les moyens d’investigations dont disposent les administrations ou services relevant du Ministère Chargé des Finances, du Ministère chargé de la Justice et du Ministère chargé de la Sécurité publique pour la recherche des infractions induisant des obligations de Déclaration. Une autre mission clé de la CENTIF est la participation à l’étude des mesures a mettre en œuvre pour faire échec aux circuits financiers clandestins, au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme ; d’apporter son concours aux autorités publiques dans la définition des orientations Stratégiques de la lutte contre la délinquance financière et les flux financiers illicites. Elle contribue également au développement et au renforcement des capacités des acteurs Impliqués dans la lutte contre les activités financières illégales ;
Coopération Internationale et Sensibilisation
La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ne peut se faire en vase clos. Pour cela, elle est chargée de développer, en relation avec les directions concernées relevant du Ministère chargé Des Finances, du ministère chargé de la Justice et du Ministère chargé de la Sécurité publique, l’action internationale de lutte contre les circuits financiers clandestins, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. C’est pourquoi la CENTIF coopère activement avec des autorités étrangères, renforçant ainsi les efforts globaux pour contrer ces menaces. Cette coopération internationale est cruciale, car les réseaux criminels opèrent souvent à l’échelle mondiale, rendant indispensable un échange d’informations efficace entre les pays. Cependant dans I’ exercice de ses attributions, la CENTIF peut recourir à des correspondants au sein des services de la police, de la gendarmerie, des douanes, du trésor ou de tout autre service de I’État dont le concours est jugé nécessaire dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Organisation et fonctionnement
La CENTIF est une autorité administrative placée sous la tutelle du Ministère de l’Économie et des Finances. Elle bénéficie d’une autonomie financière et d’un pouvoir de décision autonome dans l’exercice de ses missions. Son organisation interne est structurée de manière à garantir l’efficacité et la confidentialité des traitements.
La CENTIF comprend six (6)membres que sont notamment un haut fonctionnaire issu soit de la Direction générale des Douanes, soit de la Direction générale de la Comptabilité publique et du Trésor, soit de la Direction Générale des Impôts et Domaines, ayant rang de Directeur d’Administration centrale. Il en assure la présidence. Elle comprend aussi un magistrat spécialisé dans les questions financières ; détaché par le ministre de la Justice ; un haut fonctionnaire de la Police judiciaire, détaché par le ministre de l’Intérieur. En outre elle est composée d’un Inspecteur des Douanes, chargé d’enquêtes ; d’un Officier de Police judiciaire, chargé d’enquêtes ; détaché par le ministre chargé de l’Intérieur et d’un représentant de la Banque Centrale des Etats de I’Afrique de I’Ouest (BCEAO). A cet effet le représentant de la BCEAO exerce les fonctions de Secrétaire général de la CENTIF. Il assiste le Président dans ses missions de coordination des activités techniques et Administratives.
L’Affaire Farba NGOM : Un Cas Concret
Récemment, la CENTIF a joué un rôle déterminant dans une affaire de grande envergure en présentant un rapport au pôle judiciaire et financier du Sénégal. Ce rapport faisait état de soupçons de blanchiment d’argent à hauteur de 125 milliards de francs CFA, impliquant notamment le député Farba NGOM. Suite à cette révélation, le Parquet financier a demandé la levée de l’immunité parlementaire du député.
Liboir SAGNA