À l’approche du 80e anniversaire du massacre de tirailleurs sénégalais au camp de Thiaroye, à Dakar, historiens, avocats et députés se sont réunis à l’Assemblée nationale pour une conférence-plaidoyer. Dix ans après l’évocation par le président François Hollande d’une répression sanglante, ils réclament une reconnaissance officielle de ce massacre par la France et la création d’une commission d’enquête parlementaire.
Quatre-vingts ans après les faits, l’omerta autour de ce massacre commence peu à peu à se fissurer. À un mois du 80e anniversaire, historiens, membres d’associations, avocats et élus se sont réunis au palais Bourbon pour réclamer la reconnaissance officielle par l’État français de l’exécution de ces tirailleurs.
“C’est un massacre sanglant et épouvantable qui a été pendant longtemps recouvert par une chape de plomb. La France a vraiment beaucoup de difficultés à reconnaître une partie importante de son histoire”, souligne en guise d’introduction la députée socialiste Colette Capdevielle, à l’initiative de cette conférence. “Comment pouvons-nous continuer à détourner ainsi notre regard ?”
Dix ans plus tard, l’historienne Armelle Mabon se souvient d’un discours “plutôt calamiteux”. Pour cette spécialiste de Thiaroye, qui dénonce depuis 20 ans “un mensonge d’État”, le président Hollande n’a pas véritablement dénoncé “un massacre”, mais il a simplement reconnu le fait que les tirailleurs exécutés n’avaient effectivement pas perçu leur solde. Alors que l’ancien chef de l’État avait dit avoir mis à disposition “l’intégralité des archives” sur le sujet, elle affirme également que les documents les plus sensibles – comme la liste des victimes ou encore la cartographie des fosses communes – sont toujours inaccessibles.
Un blocage “au niveau des technocrates du ministère des armées, qui ne veulent absolument pas qu’on revienne sur le récit officiel”, explique l’historienne, qui estime que le bilan du massacre se situe autour des 400 morts, contrairement aux 35 tirailleurs tués comptabilisés par l’armée française. Feuilles en main, Armelle Mabon montre les dizaines de procédures judiciaires qu’elle a lancées pour obtenir accès à ces archives. “On me dit encore non et non !”, s’emporte-t-elle. Cette demande fait partie d’une série de sept doléances présentées lors de la cette conférence-plaidoyer au palais Bourbon. Une vingtaine de parlementaires soutiennent déjà ces propositions. Parmi eux figure la députée socialiste Dieynaba Diop.
France 24