Demain, les Américains se rendent aux urnes pour, via leurs grands électeurs, dire qui de Kamala Harris ou de Donald Trump sera digne de présider à leurs destinées pour les quatre prochaines années. Chouette Amérique que celle-là où les citoyens délèguent leur droit de choisir à ces grands électeurs sans que personne ne trouve à redire. Charmante Amérique, également, que celle-là, capable tout autant de porter le soft et très raffiné Barack Obama en triomphe que de se choisir le fantasque Donald Trump comme Président. Une Amérique capable donc du meilleur comme du pire.
Le pire du pire étant cette attaque du Capitole, au lendemain de la dernière Présidentielle où le vaincu Trump a contesté la victoire de son challenger Biden. On s’y était cru, un moment, dans une démocratie tropicale. Tant la méthode et les moyens utilisés rappelaient ces exotiques coins perdus où la démocratie relève de l’utopie. Et des plaisantins n’avaient pas manqué de menacer les Etats-unis d’envoi de casques bleus pour rétablir l’ordre et remettre le jeu démocratique à l’endroit. Ce verbatim des organisations internationales, quand il s’agit d’élections truquées quelque part en Afrique ou en Amérique Latine, aurait prêté à sourire n’eut été le pays en question et l’impact de sa politique intérieure sur le quotidien de la planète.
Demain donc, l’Amérique va cristalliser les attentions. Tant il est à craindre un glissement dangereux, si l’on s’en tient à ce que les médias et les réseaux sociaux charrient déjà comme velléités de contestations violentes, si Trump est déclaré perdant de cette élection. Chez les supporteurs de ce dernier, l’équation est simple : il gagne ou il gagne. Du côté de ces suprématistes et conspirationnistes ultraconservateurs où la machine à fabriquer du faux fonctionne à plein régime, la perspective d’une défaite est complètement exclue.
Allié de Trump, plus par opportunisme que par conviction, l’ancien électeur démocrate et milliardaire Elon Musk a mis son puissant réseau social (X, ex-twitter) et sa force de frappe financière au service de cette industrie de fabrique de fake-news au profit exclusif de Trump. Pour son cadeau d’alliance, Musk n’a pas lésiné sur le chéquier. 118 millions de dollars (soit plus de 71 milliards Cfa) sont offerts à l’American Pac, une structure qui œuvre pour l’élection de Trump. Parallèlement, il a promis d’offrir un million de dollars, soit plus de 600 millions Cfa, à toute personne votant pour le candidat républicain. Une promesse qui, certes, fait l’objet d’un examen juridique mais est la preuve de jusqu’où Trump et son allié de circonstance, Musk, peuvent aller dans la bêtise pour dévoyer le jeu démocratique et le réinstaller à la Maison Blanche.
Dans ce pays où on achète son arme à feu comme on se paie une bière dans le bistrot du coin, la crainte de violences post-électorales est bien réelle dans la tête des Américains. Si ce n’est déjà le cas. L’Amérique a, faut-il le rappeler, une longue histoire avec la violence politique. Des Présidents y ont été assassinés ou échappé de justesse à une tentative d’assassinat. Récemment, des enquêtes ont été ouvertes après l’incendie de plusieurs urnes dans les Etats de Washington, de l’Oregon et en Arizona, sur la côte Pacifique. Des centaines de bulletins de vote ont été détruits. Selon les autorités locales, ces incendies sont liés et volontaires dans les deux premiers Etats. Un avant-goût de ce que sera l’après-défaite ?
Il est permis de redouter ce scénario du pire, Trump et ses ouailles ayant démontré, à la face du monde, de quoi ils étaient capables en ce triste jour du 6 janvier 2021.