Aujourd’hui, le monde perd une figure emblématique de l’éducation, de la culture et du
panafricanisme avec la disparition d’Amadou Makhtar Mbow. Ancien directeur général de l’UNESCO,
il a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire de l’Afrique et du monde, en se consacrant toute sa
vie à la promotion de l’éducation, du dialogue interculturel et de la justice sociale.
Né en 1921 à Dakar, Amadou Makhtar Mbow fut l’un des intellectuels africains les plus respectés de
sa génération. Avant de se hisser à des postes de responsabilité internationale, il s’engagea dans la
lutte pour la décolonisation, l’émancipation des peuples et l’accès universel à l’éducation. Sa carrière
débuta dans l’enseignement en tant qu’inspecteur de l’éducation au Sénégal, où il s’efforça de
réformer les systèmes éducatifs colonisés afin de les rendre plus inclusifs et adaptés aux réalités
locales.
Mais c’est à l’UNESCO que le Professeur Mbow atteignit la reconnaissance mondiale. Nommé
directeur général en 1974, il devint le premier Africain à occuper ce poste prestigieux. Pendant ses
treize années à la tête de l’institution, il s’engagea résolument en faveur d’un nouvel ordre mondial
de l’information et de la communication (NOMIC). Il prônait une redistribution plus équitable des
ressources médiatiques, un combat essentiel dans une époque où les pays en développement
luttaient pour se faire entendre sur la scène internationale. Sous son mandat, l’UNESCO encouragea
la décolonisation culturelle, la diversité linguistique et la sauvegarde des patrimoines en danger.
Amadou Makhtar Mbow était un ardent défenseur du panafricanisme. Il croyait en la nécessité pour
les pays africains de s’unir pour surmonter les défis du sous-développement, de la pauvreté et de
l’analphabétisme. Son héritage se reflète dans les nombreux projets qu’il a initiés ou soutenus pour
renforcer la coopération africaine dans le domaine de l’éducation, de la science et de la culture.
Au-delà de ses fonctions officielles, le Professeur Mbow fut un mentor pour plusieurs générations
d’intellectuels, de dirigeants et d’activistes à travers l’Afrique et au-delà. Son humanisme, son
intégrité et son engagement infatigable pour la cause de l’éducation pour tous en ont fait une source
d’inspiration pour beaucoup. Même après avoir quitté l’UNESCO en 1987, il continua à s’investir dans
la réflexion sur les grands défis de notre temps, n’hésitant pas à plaider pour la paix, la justice et
l’égalité dans un monde toujours plus inégalitaire.
Aujourd’hui, alors que nous regrettons la disparition d’Amadou Makhtar Mbow, nous nous
souvenons de son immense contribution à la construction d’un monde plus juste, plus éclairé et plus
solidaire. Son héritage restera vivant à travers les idées et les valeurs qu’il a défendues toute sa vie.
Que la terre lui soit légère.
Par le Dr. Laurent BONARDI