Le système éducatif sénégalais, à l’instar de nombreux pays d’Afrique, est
caractérisé par une coexistence entre les secteurs public et privé. Si ces deux entités
sont souvent perçues comme étant en concurrence, il est important de reconnaître
leur complémentarité et le rôle crucial qu’elles jouent ensemble dans l’amélioration
de la qualité de l’éducation au Sénégal.
L’éducation publique au Sénégal a des racines profondes. Après l’indépendance,
l’État a pris en charge l’éducation de la population, la considérant comme un pilier du
développement national. Cependant, au fil des décennies, l’augmentation de la
population et la demande croissante en matière de scolarisation ont entraîné des
défis pour le secteur public, notamment en termes d’infrastructures, de ressources
humaines et de qualité de l’enseignement.
C’est dans ce contexte que le secteur privé a progressivement pris de l’importance. À
partir des années 80-90, le privé s’est diversifié, offrant des alternatives aux familles
pouvant y accéder, principalement en milieu urbain.
Le secteur public demeure le principal pourvoyeur d’éducation au Sénégal,
accueillant la majorité des élèves du pays. Il bénéficie d’un financement public,
garantissant ainsi une certaine gratuité. De plus, l’État met en œuvre des politiques
éducatives nationales, assurant une uniformité des programmes scolaires et un
accès plus global à l’éducation, même si des défis demeurent pour un accès
universel.
Pour sa part, le secteur éducatif privé se distingue souvent par sa capacité à innover
et à répondre rapidement aux besoins changeants du marché éducatif. Avec une
gestion plus flexible, les établissements privés peuvent offrir des programmes
pédagogiques diversifiés avec notamment des approches bilingues et des effectifs
par classe plus réduits.
Plutôt que de considérer les secteurs public et privé comme des entités en
opposition, il est plus constructif de les envisager comme complémentaires. Le
secteur privé peut servir de laboratoire d’innovation pédagogique, expérimentant de
nouvelles méthodes d’enseignement et des programmes adaptés aux besoins du
marché de l’emploi. Ces innovations peuvent ensuite être adoptées par le secteur
public, avec le soutien politique et financier approprié.
D’autre part, le secteur public, en raison de son ampleur, a la capacité de généraliser
les bonnes pratiques, assurant ainsi une amélioration de la qualité de l’éducation à
une échelle nationale..
Pour que cette complémentarité devienne une réalité, plusieurs défis doivent être
relevés. Tout d’abord, il est essentiel de renforcer les mécanismes de régulation et de
contrôle de la qualité des établissements privés, afin de garantir que tous les élèves
reçoivent une éducation de qualité, quel que soit le secteur. Ensuite, il est nécessaire
de promouvoir des partenariats public-privé, notamment par le biais de subventions,
de la formation des enseignants ou de la mise en commun des ressources
pédagogiques. Enfin, l’État doit jouer un rôle de facilitateur, en encourageant un
dialogue constant entre les deux secteurs, en mettant en place des cadres de
concertation et en veillant à ce que les intérêts des élèves, qui sont les principaux
bénéficiaires du système éducatif, soient toujours au cœur des décisions politiques.
La complémentarité entre les secteurs éducatifs public et privé au Sénégal est donc
non seulement possible, mais aussi souhaitable pour l’avenir du système éducatif du
pays. En combinant les forces de chacun, le Sénégal peut atteindre un niveau
d’éducation encore plus élevé, répondre aux défis actuels et futurs et préparer
efficacement les jeunes générations à contribuer au développement national. La clé
du succès réside dans une coopération étroite, fondée sur un respect mutuel et une
vision partagée de l’éducation comme bien commun.
Par Dr Laurent BONARDI