Espérance, responsable de l’association Timmy, qui vient en aide aux mineurs et jeunes majeurs isolés et étrangers en France, a déclaré que les autorités avaient relogé à la hâte les sans-abri vivant dans les rues dans des zones situées en dehors de la capitale avant les Jeux olympiques afin de donner l’impression aux touristes « qu’il n’y a pas de pauvreté » dans le pays.
En prévision des 33e Jeux olympiques d’été, la France a expulsé des sans-abri et des migrants en situation irrégulière, y compris des enfants, des lieux où ils campaient dans la capitale, et ses environs.
Ces sans-abri ont été transportés en bus vers différentes villes telles que Strasbourg et Orléans et ont été éloignés du centre de Paris.
L’organisation « Le Revers de la Médaille », qui regroupe des associations d’aide aux migrants en situation irrégulière, a publié en juin un rapport sur les sans-abri qui ont été déplacés depuis un an dans la région Île-de-France, y compris la capitale, pour les Jeux olympiques de Paris 2024.
Selon ce rapport, 12 545 sans-abri, dont 3 434 enfants et 3 434 migrants en situation irrégulière, ont été expulsés des campements d’Ile-de-France depuis un an dans la région où se trouve le village olympique.
Dans le rapport indiquant que 500 sans-abri ont été évacués de leur lieu de séjour le 26 avril 2023 dans la région de l’Ile-Saint-Denis près du village olympique, qui a été construit pour accueillir les athlètes, il a été noté qu’« il est difficile de ne pas établir un lien entre cette évacuation et les Jeux olympiques de Paris. »
Espérance , responsable de l’association Timmy, qui n’a pas souhaité communiquer son nom de famille, a fait des déclarations au correspondant de l’Agence Anadolu concernant la politique de l’administration parisienne d’expulser les sans-abri, y compris les enfants migrants non accompagnés, de la capitale avant les Jeux olympiques.
Elle a déclaré que depuis un certain temps les sans-abri et les demandeurs d’asile qui attendent d’être installés sont transférés de la capitale vers d’autres régions, et que dans le passé, il y avait des pratiques contraires à cela, et que ceux qui restaient dans la rue étaient placés dans les régions où ils se trouvaient.
Considérées comme une tache dans le paysage parisien
Espérance a indiqué que les autorités ont invoqué le manque de logements adéquats à Paris et dans ses environs pour justifier le transfert des sans-abris vers d’autres régions, précisant que cette zone a été transformée en 5 000 logements d’urgence pour accueillir le personnel des Jeux olympiques et de la Coupe du monde de rugby.
: Les personnes les plus vulnérables, celles qui vivent dans la rue sont sacrifiées pour une image qui ne correspond pas à la réalité. En résumé, ces personnes sont perçues comme une tache dans le paysage. », a-t-elle déploré.
Espérance a expliqué que la préfecture de l’Ile-de-France avait annoncé qu’elle mènerait désormais des opérations d’hébergement des sans-abri en dehors de la capitale. « Toute une population est pénalisée, en marge de ces Jeux Olympiques, parce que le gouvernement ne souhaite pas qu’elle soit dans le champs de vision des touristes. C’est pourquoi elles sont redirigées en Province », a-t-elle ajouté.
“« On les déracine , de tout tissus social, cela s’applique également aux personnes qui sont ici depuis des années. Certaines personnes reçoivent des soins médicaux, d’autres ont un suivi juridique ou administratif, même les jeunes sans abris scolarisés ont été déplacés », a-t-elle déclaré en soulignant qu’il serait très difficile pour les sans-abri et les migrants vivant dans les environs de Paris d’être placés dans d’autres régions malgré les procédures officielles.
De ce fait, elle a indiqué que ces personnes étaient coupées des liens qu’elles avaient établis et qu’elles étaient orientées vers une direction inconnue, et a attiré l’attention sur le fait que le consentement des sans-abri n’a pas été obtenu dans le cadre de ces déplacements en dehors de Paris.
En outre, elle a fait remarquer que si l’on garantissait à ces personnes un hébergement correct, certaines d’entre elles seraient peut-être disposées à sortir de Paris, et a souligné qu’il est très pénible d’être mis dans un bus sans que l’on nous dise où aller. Les associations d’aide aux sans-abri n’ont pas été informées à l’avance de ces expulsions et les personnes concernées n’ont donc pas pu être informées.
Indiquant que la police de la ville de Montreuil a évacué un immeuble où vivaient des sans-abri en mai au matin, Esperance a affirmé que presque toutes les personnes présentes ont été transférées au commissariat de police.
Elle a précisé que certaines des personnes en question ont ensuite été emmenées au centre de rétention administrative.
Pressions exercées sur les enfants migrants pour qu’ils demandent l’asile
Espérance a déclaré que certains enfants étrangers renvoyés de Paris ont été invités à demander l’asile en tant qu’adultes afin de continuer à bénéficier du service d’hébergement, et qu’il leurs a été conseillé de ne pas accepter une demande d’asile qui ne couvrait pas leur situation.
Espérance a rappelé que les enfants migrants qui n’acceptaient pas l’option qui leur était proposée étaient jetés à la rue ou réintroduits à Paris.
« Nous savions très bien qu’ils (les sans-abri) seraient d’une manière ou d’une autre éloignés pendant les Jeux olympiques », a conclu Espérance, critiquant le manque d’ouverture de la préfecture pour discuter de la question avec les associations.
AA