Dans un entretien accordé au quotidien national Le Soleil, le Recteur de l’UCAD, Amadou Aly MBAYE a accusé le SUDES/ESR d’entretenir un « conflit procrastiné » contre lui. Il a aussi reproché les syndicalistes de s’être radicalisés. Le Syndicat Unitaire et Démocratique des Enseignants du Sénégal a répondu dans un communiqué sur tous les points évoqués par le sieur MBAYE qu’il considère d’ailleurs désormais comme un « ancien Recteur ».
« Ces accusations sont non seulement infondées, mais aussi profondément offensantes pour nos camarades qui œuvrent quotidiennement pour l’amélioration de l’enseignement supérieur au Sénégal. Parler de conflit procrastiné est un euphémisme comique quand c’est l’ancien recteur lui-même qui s’accroche à son poste au-delà de son mandat. Qualifier de “radicalisés” ceux qui exigent simplement le respect des textes est une rhétorique dangereuse et malhonnête. La radicalité est bien du côté de celui qui s’arc-boute sur un poste en ignorant la loi et les décrets qui organisent les universités publiques du Sénégal », indique la note salée du SUDES/ESR.
Dans son entretien, le Recteur est également revenu sur sa nomination polémique d’un nouveau directeur à l’IFE pour dire que le droit lui avait finalement donné raison. Ce que démentent les syndicalistes. Non sans rappeler les actes ignobles posés par le Recteur pour intimider les contestataires.
« L’ancien recteur a nommé le 15 avril 2021 le directeur de l’Institut de Français pour les
Étudiants étrangers en violation complète du décret 79-175 du 28 février 1979. Quand les
camarades ont protesté, sa réponse fut de leur couper le salaire (cela durant 5 mois), de retenir
leurs bons de voyages d’études et le comble fut de suspendre leur couverture médicale. Le tout
sans aucune forme de procédure administrative. Nos camarades continuent à ce jour de faire
l’objet d’une persécution incompréhensible qui se traduit par le blocage du dossier de
promotion de l’un d’entre eux après son admission au CAMES en 2021, l’annulation des
examens pour les cours qu’ils dispensent sans en référer au Conseil scientifique et pédagogique
de l’IFE. De quel côté se trouve donc la radicalité ? », s’interroge le SUDES/ESR.
Qui poursuit: « En outre, les allégations de l’ancien recteur selon lesquelles les procédures devant la chambre administrative n’ont pas prospéré sont fallacieuses et ignominieuses. Le recours pour
l’annulation de l’élection du directeur de l’IFE est toujours en cours. La procédure dans laquelle
l’ancien recteur Ahmadou Aly Mbaye est cité à comparaître pour le délit de faux n’est toujours
pas vidée. Et cela, malgré les stratagèmes qui consistent à retirer l’affaire du rôle du tribunal
d’instance par deux fois depuis un an chaque fois que la date du délibéré est retenue, comme ce
fut encore le cas le 23 juillet dernier ».
Sur la question du mandat du Recteur
« Le SUDES/ESR réaffirme avec force que le mandat de l’ancien recteur Ahmadou Aly Mbaye
est arrivé à son terme depuis le 22 juillet 2024 conformément à la loi 2015-26 du 28 décembre
2015 relative aux Universités publiques du Sénégal. L’obstination à se maintenir en poste, en
dépit des rappels à l’ordre du ministère de tutelle et des protestations de la communauté
universitaire, constitue un grave manquement aux principes de bonne gouvernance que l’on est
en droit d’attendre d’une institution aussi prestigieuse que l’UCAD », affirme l’organisation syndicale dans son communiqué
Le SUDES/ESR indique que le recteur tente, dans son interview, « une ultime manœuvre désespérée de manipulation de l’opinion nationale et de la communauté universitaire en se réfugiant derrière
une instance, le Conseil d’Administration (CA), constitué en majeure partie de ses amis ».
Avant de s’interroger sur la composition de ce CA. « Quels sont les critères et le processus qui ont présidé à leur désignation ? L’ancien recteur en renvoyant le Ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) et le CA de l’UCAD dos à dos cherche à jeter le discrédit sur le Ministre dont la responsabilité ultime consiste évidemment à constater la carence du CA, à prendre acte de la fin du mandat du recteur depuis le 22 juillet 2024 », déplorent-t-ils
Le SUDES/ESR UCAD dit déplorer vivement, « mais sans étonnement », la posture adoptée par le
Conseil d’Administration (CA), « qui fait preuve d’une complaisance coupable dans cette affaire
en refusant de lancer l’appel à candidatures conformément au décret 2021-846 du 24 juin 2021
relatif aux modalités de nomination du Recteur dans les universités publiques ».
Le SUDES-ESR section UCAD affirme ainsi apporter son soutien au ministre Abdourahmane DIOUF et l’encourage « à traduire en
acte concret son excellente lecture de la situation et à ne céder à aucune pression visant à faire
de l’UCAD une exception de privilèges qui mettrait l’ancien recteur Ahmadou Aly Mbaye au-
dessus des lois de la République ». Sinon, « comment comprendre que toutes les universités publiques du Sénégal qui étaient dans la même situation de gouvernance que l’UCAD se soient conformées aux textes et que seuls le CA et le rectorat de l’UCAD font une résistance qui frise la rébellion ? »
Le SUDES/ESR demande au gouvernement d’enclencher une procédure d’urgence exceptionnelle face à la carence du CA de l’UCAD
Le SUDES/ESR souligne que « l’application des textes dans un même pays ne saurait être à géométrie variable selon les desiderata d’un club d’amis. L’UCAD mérite mieux que des manœuvres dilatoires et des interprétations biaisées des lois ! »
La section UCAD dudit syndicat affirme que « depuis le 23 juillet 2024, il ne reconnait plus M. Ahmadou Aly Mbaye comme celui qui exerce de manière légale et légitime le mandat de recteur de l’UCAD. Par conséquent, tout acte administratif qu’il prendra à partir de cette date sera considéré comme nul et non avenu ».
Pour finir, le SUDES/ESR UCAD exhorte les autorités gouvernementales à faire preuve de
diligence « en enclenchant une procédure d’urgence exceptionnelle face à la carence du CA de l’UCAD ».
« Nous restons attachés à un esprit de dialogue pour le choix rapide et apaisé d’un nouveau recteur à la suite d’un appel à candidatures. Le cas échéant, le SUDES-ESR UCAD préconise la dissolution de l’actuel conseil d’administration de l’UCAD et l’exercice du devoir de substitution du MESRI pour le respect des procédures de nomination des recteurs des universités publiques du Sénégal », concluent les syndicalistes.