L’examen du baccalauréat est une étape déterminante dans la vie de nos jeunes concitoyens
qui atteignent ce niveau d’études. C’est un rite de passage qui marque la fin des études
secondaires et l’entrée dans l’enseignement supérieur ou le monde du travail. Cependant,
ce système d’examen laisse transparaître son inadéquation avec les réalités
contemporaines.
Le monde évolue rapidement et les méthodes d’évaluation devraient suivre le rythme. Le
baccalauréat actuel ne reflète pas toujours les compétences et connaissances nécessaires
dans notre environnement. En outre, le format actuel, basé sur une série d’examens finaux
intensifs, génère un stress considérable chez les élèves, ce qui peut nuire à leurs
performances et contribuer à un taux d’échec élevé. Il est donc crucial de développer un
mode d’évaluation qui prenne en compte un spectre plus large de compétences,
encourageant ainsi l’analyse critique et la créativité plutôt que de prioriser la mémorisation.
Pour rendre le baccalauréat encore plus pertinent, il est aussi essentiel de diversifier les
méthodes d’évaluation. L’introduction de projets de groupe, de présentations orales, de
travaux de recherche et de stages pratiques peut offrir une évaluation plus complète des
capacités des élèves. Ces méthodes encouragent la collaboration, la communication et la
pensée critique, des compétences indispensables aujourd’hui. L’intégration d’une évaluation
continue permettrait également de réduire la pression des examens finaux en filant
l’évaluation sur l’ensemble de l’année scolaire. Cela donnerait une image plus équilibrée des
progrès des étudiants.
En parallèle, le contenu des examens (et donc des programmes) doit aussi être ajusté. Une
plus grande emphase sur les soft-skills, les langues étrangères et l’analyse critique est
nécessaire. A ce titre, il sera crucial de former les enseignants aux nouvelles méthodes
d’évaluation et de les sensibiliser à l’importance de ces changements. Des ateliers, des
séminaires et des formations continues peuvent être organisés en ce sens pour les aider à
s’adapter.
Les langues nationales peuvent aussi être intégrées avec profit dans le processus
d’évaluation. La promotion de leur utilisation permettrait en outre de valoriser l’identité
culturelle sénégalaise, de même qu’une plus grande utilisation de supports littéraires
sénégalais plutôt que le recours systématique à des auteurs français (Molière et Aragon
pour la session 2024 du bac).
Enfin, l’organisation logistique de l’examen nécessite également une révision. J’ai eu
l’occasion de m’exprimer sur la question de la gestion des téléphones portables et je n’y
reviens donc pas ici. Différentes mesures de gestion informatisée (notamment à travers des
QR codes) et d’équipement optimisé des centres d’examens peuvent grandement améliorer
la fluidité tout en favorisant des conditions encore plus sereines pour la passation du bac,
une des obligations majeures demeurant de garantir l’équité entre les candidats sur
l’ensemble du territoire national.
Par Dr Laurent BONARDI