En Mauritanie, trois personnes ont trouvé la mort à l’occasion des manifestations populaires de lundi contre le résultat des dernières élections présidentielles.
Le ministère de l’Intérieur a indiqué que les forces de sécurité ont dû faire face à des manifestants à Kaedi, ville à forte population noire et acquise à l’opposition dans le sud du pays.
Des heurts ont aussi éclaté dans les villes de Nouadhibou, Rosso Zoueirat et Boghe, également des bastions de l’opposition.
Selon les autorités, plusieurs autres personnes auraient été blessées lors d’affrontement avec les forces de l’ordre.
L’accès à l’internet mobile a été bloqué mardi, et les autorités sont à la recherche des auteurs des violences.
Le scrutin de samedi s’est soldé par la victoire du président sortant Mohamed Ould Ghazouani selon la commission électorale. Un résultat contesté par son principal opposant Biram Dah Abeid.
“Kaedi a connu hier soir des actes violents de vandalisme et de sabotage de biens publics et privés, des scènes de pillage et un climat général de peur qui a conduit les forces de sécurité à l’affronter et à arrêter plusieurs manifestants”, a déclaré le ministère dans un communiqué.
“Le bureau du procureur ouvrira une enquête pour déterminer les circonstances de ces événements et de la mort des manifestants”, a ajouté le ministère.
M. Ghazouani, qui avait fait campagne en promettant d’assurer la sécurité et la croissance économique, a obtenu 56 % des voix, tandis que M. Abeid en a obtenu 22 %, a déclaré la commission électorale lundi. M. Abeid a rapidement appelé à “des manifestations et à des rassemblements pacifiques”.
La commission, qui comprend des représentants des partis politiques, a rejeté les allégations de l’opposition concernant les irrégularités du scrutin.
Trois missions internationales d’observation des élections ont également déclaré dans leurs déclarations préliminaires lundi que le scrutin s’était déroulé dans une “atmosphère pacifique et transparente”.
M. Ghazouani a été accusé par ses opposants de corruption et de mauvaise gestion, mais il reste populaire parmi les Mauritaniens qui le considèrent comme un phare de stabilité dans un contexte de tensions régionales, plusieurs pays voisins étant secoués par des coups d’État militaires et des violences djihadistes.
Pendant des siècles, l’élite économique et politique mauritanienne, composée d’Arabes et d’Amazighs, a réduit en esclavage les Noirs du nord-ouest du Sahara.
La Mauritanie a interdit l’esclavage en 1981, dernier pays au monde à l’avoir fait, mais la pratique se poursuit, selon les groupes de défense des droits de l’homme. Selon l’indice mondial de l’esclavage 2023, environ 149 000 personnes sont détenues dans des conditions d’esclavage dans ce pays de moins de 5 millions d’habitants.