Candidat malheureux à la présidentielle du 24 mars dernier, Amadou Ba veut tracer sa propre voie sur la scène politique sénégalaise. Il a fait l’annonce dans une tribune intitulée : « Nouvelle Responsabilité» dans laquelle il semble se démarquer de l’Apr. Mais, il est limité dans sa manière de s’opposer.
Après un long silence, Amadou Bâ est sorti de son mutisme, à travers une tribune largement relayée par les médias classiques et les réseaux sociaux. Dans cette note, il décline son orientation politique et promet, dans «les jours à venir», d’éclairer l’opinion sur son projet. Dans cette contribution intitulée : «Nouvelle responsabilité», l’ancien Premier ministre de Macky Sall semble marquer sa démarcation de l’Alliance pour la République (Apr). «Notre intime conviction est qu’à présent, nous devons regarder résolument vers l’avenir dans la perspective de nous assigner une Nouvelle Responsabilité. Nous y sommes même condamnés, si nous ne voulons laisser aucune chance aux démons de la division et de la violence de nous mettre face à de nouveaux périls, alors que nous avons de réelles opportunités de réaliser notre émergence politique et économique», écrit-il. Dans sa nouvelle orientation, Amadou Ba promet d’incarner une opposition démocratique et républicaine. Une opposition, envisage-t-il, adossée à la fois dans sa conduite et dans son action à une éthique politique soucieuse en priorité de la vie de chaque Sénégalaise et de chaque Sénégalais.
Ces nombreux obstacles sur son chemin
Seulement, cette volonté de cet ancien inspecteur des impôts et domaines bute sur plusieurs obstacles. La première limite de ce nouvel opposant, estime Thierno Diop, analyste politique, demeure son manque de courage politique. Selon lui, il n’a jamais été radical dans son engagement politique. «Il n’a jamais été dans des batailles radicales en politique. Alors qu’il y a un prix à payer dans la radicalisation. Le cas de l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko en est un exemple patent», souligne notre interlocuteur. Il ajoute que Amadou Bâ n’a rien obtenu en politique grâce à son engagement. «Tous ses dividendes politiques, il les a eues à travers sa carrière administrative», note-t-il.
Candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar, Amadou Bâ est arrivé deuxième à l’élection présidentielle du 24 mars 2024. D’après toujours Thierno Diop, avec un taux de 34 % des voix, il est considéré comme le chef de l’opposition. Mais il lui sera difficile d’incarner ce statut. A moins que, estime-t-il, qu’un désaccord intervienne entre Ousmane Sonko et Diomaye. Dans ce cas de figure, décortique notre analyste, il y aura une bipolarisation à laquelle il pourra profiter. «Au cas contraire, il restera derrière eux parce qu’il n’est pas dans une opposition radicale», dit-il.
Néanmoins, Amadou Bâ peut compter sur beaucoup de leaders de l’Apr pour la réussite de sa «Nouvelle Responsabilité». En effet, il risque, une fois lancé sa formation politique, de vider le camp de Macky. «Il risque de partir avec beaucoup de leaders, même les plus fidèles à Macky. Ces derniers sont remontés contre les accusations de trahison portées à son encontre. Certains se disent déçus», confie Thierno Diop. Selon qui, Abdou Latif Coulibaly a annoncé la couleur dans un entretien accordé à un quotidien de la place. Dans cette sortie, le journaliste parle de nouvelle orientation politique avec beaucoup de responsables y compris Amadou Bâ. Ce dernier peut également compter sur l’ancien ministre et maire de Dioum Cheikh Oumar Anne ainsi que sur d’autres responsables de l’ancien parti au pouvoir.
Salif KA