(Correspondance) – Combien sont-elles, ces jeunes lycéennes au niveau du département de Podor à être victimes de pratiques jurant d’avec les valeurs cardinales que l’école est appelée à promouvoir ? Entre harcèlement, chantage, grossesse non désirée et déperdition scolaire, c’est un sentiment diffus de forte vulnérabilité qui anime cette jeune gent féminine en milieu scolaire.
Aucune statistique ne précise le drame pour en apprécier la vraie ampleur. Mais, ce phénomène de promotion de contre-valeurs paradoxalement véhiculées dans un espace voué à l’instruction et l’éducation, préoccupe bien des familles des élèves dans cette partie du Fouta. Et quand les langues se délient, pour pointer un doigt accusateur sur les présumés coupables, c’est très souvent l’omerta ou le culte du «maasla» qui prévalent face à la passivité aussi bien des autorités académiques que des associations de parents d’élèves. «Depuis quelques années maintenant, on assiste de plus en plus à une déperdition scolaire avancée de jeunes lycéennes du fait de mauvaises pratiques et contre-valeurs dans leur environnement d’études. Certaines jeunes filles, pourtant brillantes en classe, ont dû, malgré elles, arrêter leur cursus scolaire, à cause de harcèlement ou de grossesse non désirée imputés à leurs enseignants», déplore cet instituteur à la retraite qui regrette que les enseignants par «accident» aient pris le pas sur les enseignants «par vocation». A l’en croire, les enseignants auteurs de telles pratiques en porte à faux avec la noblesse de la profession qui permet de faire acquérir des connaissances, d’éduquer voire même de socialiser les dirigeants et élites de demain, doivent être sévèrement sanctionnés. Malheureusement, quand des carrières sont brisées par la faute d’adultes irresponsables et de surcroit «formateurs», c’est souvent les victimes qui en paient lourdement les frais, fustige notre interlocuteur qui en appelle à l’introspection des autorités académiques et des parents d’élèves. Il en veut pour preuve, cette année, le cas de cette jeune fille pensionnaire du lycée de Saldé.
Au lycée de Saldé, une sombre histoire de grossesse non désirée continue de défrayer la chronique
Victime malheureuse des abus de l’un de ses professeurs, cette dernière a dû abandonner ses études en classe d’examen. Ceci, au grand désappointement de ses parents qui plaçaient en elle moult espoirs de réussite économique et sociale. «Parmi les cas recensés, je n’ai pas connaissance de sanctions prises contre les auteurs avérés de harcèlement, de chantage ou grossesse non désirée. Au contraire, on assiste à une sorte de conspiration du silence qui encourage la promotion de ce genre de contre-valeurs, dont l’Ecole n’en a pas besoin», souligne avec force le vieil enseignant, visiblement très peiné par cette situation de vulnérabilité des jeunes filles dans l’espace scolaire. Ce parent d’élève, Ousmane Diallo interpelle les nouvelles autorités sur les comportements de certains enseignants vis à vis de leurs élèves. D’ailleurs, il rappelle à bon escient les propos du président de la République abordant la question de l’éducation nationale, lors d’un récent Conseil des ministres. Le chef de l’Etat a relevé que le projet de transformation systémique du Sénégal doit nécessairement passer par le «renouveau et le repositionnement stratégique de l’Ecole dans les valeurs et ambitions de notre société».
Abou KANE