Etre beaucoup regardant sur les exonérations fiscales, énorme manque à gagner pour l’Etat, et doper les dépenses sociales. Voilà deux recommandations phares que le Fmi vient de faire au Sénégal lors de la 2e revue du Mécanisme élargi de crédit, de la Fiscalité élargie pour la résilience et la durabilité.
Après avoir tripoté le thermomètre des indicateurs économiques du Sénégal, lors de la 2e revue du Mécanisme élargi de crédit, de la Fiscalité élargi pour la résilience et la durabilité, le Fmi a, contrairement à ses avis alarmistes, presque donné un blanc-seing aux autorités sénégalaises. Lesquelles, comme prévu dans la loi de finances, ont réussi à lever sur le marché financier international la rondelette somme de 455 milliards de francs Cfa, par euro-obligation. Un montant que le Sénégal a l’intention d’utiliser pour des opérations de gestion du passif, dans le but d’améliorer la viabilité de sa dette, en jouant notamment sur les taux d’intérêt.
Mieux, l’institution de Bretton Woods exhorte les garants du «Projet» à faire moins d’exonérations fiscales et mettre le paquet sur les dépenses sociales pour toucher les populations les plus démunies dont le nombre a, semble-t-il, explosé. Car, s’il en est arrivé à encourager les dépenses sociales pour aider les ménages les plus vulnérables, c’est sans doute parce que le Fmi s’est rendu compte des impacts de la Covid-19, la guerre en Ukraine et les différents chocs extérieurs que notre économie a subi de plein fouet, le taux de pauvreté de masse est devenu ahurissant.
Et cette recommandation semble être en contradiction avec celles précédentes où il poussait souvent le Sénégal à baisser les subventions, notamment sur les prix de l’énergie qui ont des conséquences directes sur tous les secteurs d’activités, avec notamment des hausses des prix dans le transport, la panification, etc. Et la mission du Fmi rappelle pour le déplorer que le cumul des subventions à l’énergie sur les trois dernières années s’élève à 1 800 milliards de francs Cfa. Pis, ces subventions non ciblées sont très coûteuses pour le budget et empêchent de dépenser sur l’éducation, la santé, les investissements… Et, selon Edward Gemayel, des institutions comme le Fmi, la Banque mondiale, les ambassades ou encore le système des Nations unies, n’ont pas besoin de ces subventions dont elles sont aujourd’hui bénéficiaires.
Cependant, il reste à savoir comment l’Etat du Sénégal devra financer cette augmentation des dépenses sociales préconisée par le Fmi, surtout avec l’endettement très difficile du pays. Un levier qui risque d’alerter encore cette même l’institution de Bretton Woods qui surveille les levées de fonds comme du lait sur le feu. Faut-il financer ces dépenses par les rentes pétrolières? Le Fmi voudrait-il nous dire que l’Etat a plus de trésorerie, contrairement à ce que beaucoup prophétisent ? L’Eurobond de 455 milliards de francs suffit-il largement ? Sans doute Cheikh Diba nous édifiera…
Seyni DIOP