Dérouler le tapis à Macky Sall à l’Elysée, à la veille du déplacement de Diomaye Faye en France, est une grosse maladresse de nos cousins gaulois. A moins que cela ne soit une jolie manière de renvoyer la politesse au pouvoir sénégalais à la suite de l’accueil du tonitruant leader de l’extrême gauche française, Jean Luc Mélenchon.
Macky, Marine, Macron, Mélenchon… Histoire de M entre la France et le Sénégal. Les Sénégalais ont vu, samedi, leur ancien Président, Macky Sall, sur le perron de l’Elysée, parmi les invités prestigieux d’Emmanuel Macron pour le dîner d’Etat organisé en l’honneur du président américain Joe Biden et de son épouse Jill Biden. Au delà de cette présence que pourrait sans doute expliquer les nouvelles fonctions d’Envoyé spécial du Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète (4P) de Sall pour la France, force est de constater que cette présence fait désordre à quelques jours du déplacement annoncé de Bassirou Diomaye Faye chez nos cousins gaulois.
Car, dérouler le tapis rouge à Macky Sall, qui lui-même aurait dû avoir l’élégance de décliner, sans même respecter le délai de viduité pourrait être un mauvais signal envoyé au nouveau pouvoir sénégalais. A moins que cela ne soit une manière très diplomatique de lui faire payer la dernière visite de Jean Luc Mélenchon au Sénégal où, contrairement aux pratiques françaises, il a quasiment vilipendé son pays à l’étranger.
Ce que même Marine Le Pen, cheffe du Rassemblement national, formation d’extrême droite française, n’a pas faite au Sénégal lorsqu’un certain Macky Sall l’a nuitamment reçu au palais de la République, sans caméra ni photo, au point de courroucé Macron qui l’avait, par la suite, accueilli par la porte du coq dans le cadre d’un déplacement privé.
En tout cas, adouber et recevoir Sall sur le perron de l’Elysée et qui continue de mobiliser les troupes de son parti déchu, il y a quatre mois, c’est faire comme si, malgré les mises en garde, on voudrait le voir revenir aux affaires. Ce, contrairement aux nouvelles autorités du pays qui, pour l’instant, garde une distance réglementaire avec l’ancienne puissance coloniale. Car, contrairement à son prédécesseur, Bassirou Diomaye Faye, lui, a préféré parcourir le voisinage avant d’aller visiter la France, jadis premier partenaire économique du Sénégal. Ce qui n’a pas empêché l’Ambassadrice de France au Sénégal, Mme Christine Fages, de tailler bavette avec le ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yacine Fall, ou encore le Premier ministre Ousmane Sonko. Une étrange visite qui, selon la diplomate, s’inscrit dans le cadre «d’un échange constructif et prometteur pour le renforcement et la rénovation du partenariat entre le Sénégal et la France». Qui disait qu’on peut posséder l’autorité sans pouvoir, et vice-versa ?
Seyni DIOP