Cités dans beaucoup de dossiers liés à des spoliations foncières dans leurs communes, les maires rejettent en bloc. Pour l’Association des maires du Sénégal (Ams) à chaque fois qu’un maire est mis en cause dans une affaire de foncier, la responsabilité des services de l’Etat est engagée également.
Les litiges fonciers sont devenus récurrents au Sénégal. Il ne passe pas un jour sans que des populations s’érigent en boucliers pour s’opposer contre des bradages fonciers dans leurs localités. Souvent, ce sont les maires qui sont pointés du doigt. On les accuse de céder les terres à des hommes d’affaires qui s’activent dans l’agrobusiness ou dans l’immobilier. Des accusations que l’Association des maires du Sénégal (Ams) balaie d’un revers de main pointant, à leur tour, l’index sur les services déconcentrés de l’Etat notamment le gouverneurs et les préfets. «Aujourd’hui, les maires sont pointés du doigt partout. Ils sont accusés à tort ou à raison d’avoir bradé le foncier dans leur commune. Et certains mêmes sont traqués, arrêtés et emprisonnés alors qu’aujourd’hui, si un maire est emprisonné à cause du foncier, il y a forcément une autre autorité derrière ce maire. Parce que, le maire délibère et l’autorité administrative approuve. Les services du Cadastre, de l’Urbanisme aussi ont un rôle à jouer», se défend Omar Tine, maire de la commune de Fissel Mbadane, représentant de l’Ams, hier, à un panel sur le foncier. «Mais à chaque fois, ce sont les maires qui sont poursuivis. Pourquoi ? Peut-être nous sommes les parents pauvres. Nous n’avons pas de protection. Cela peut-être aussi la jalousie de nos opposants qui aiment nous voir trainés dans la boue. On doit profiter de cette occasion pour éclairer l’opinion nationale. Car, on ne doit pas, à chaque fois jeter en pâture les maires», poursuit l’édile de Fissel Mbadane. Il affirme que les populations doivent savoir les compétences de leurs édiles sur la gestion du foncier.
En outre, Omar Tine ajoute que l’Ams est prête à accompagner toutes les organisations de la société civile qui s’activent dans la lutte contre le bradage foncier au Sénégal. Il rappelle que le foncier est devenu le nerf de la guerre actuellement dans toutes les localités du pays. Par exemple à Fissel Mbadane, il soutient que plus de 200 hectares sont en attente pour des délibérations. Il révèle que ces hectares sont cédés à vil prix à des hommes d’affaires par des paysans qui pensent qu’en vendant un hectare de terre, ils peuvent construire une maison. «Actuellement il y a des paysans qui ne pourront pas cultiver si l’hivernage s’installe parce qu’ils ont tout vendu», déclare Omar Tine. C’est pourquoi le maire de Fissel Mbadane invite les nouvelles autorités à accélérer la cadence sur les réformes foncières au Sénégal afin de sécuriser et accompagner davantage les Collectivités territoriales. «Aujourd’hui, dans le monde rural des hommes d’affaires viennent avec des mallettes d’argent pour acheter tout le foncier même les maisons habitées. La terre n’est pas une source renouvelable», déclare Omar Tine.
Samba BARRY