Entre le goulot d’étranglement de la pression fiscale, l’envoi d’inspecteurs de travail dans les entreprises de presse, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) donne le la. Il a prévu d’organiser une manifestation pour riposter à la hauteur de cette attaque qui risque de mettre Ko le secteur.
La palette de Unes colorées mais riches qu’offre à voir la presse du jour contraste avec les difficultés structurelles contre lesquelles les médias se débattent. Des problèmes qui ont, entre autres, pour noms: pression fiscale, envoi d’inspecteurs de travail dans les entreprises de presse, etc. Des facteurs bloquants qui plombent l’envol de la presse. «Quand le candidat Diomaye Faye disait que l’effacement fiscal n’est pas une bonne chose pour les entreprises de presse, là il parlait en tant qu’opposant politique qui a été matraqué par certains médias et certains journalistes. Peut-être que cette posture-là, c’est une posture d’opposant, d’homme politique. Aujourd’hui, en tant que président de la République, cette vision simpliste des médias doit être corrigée pour qu’il s’élève à la stature d’homme d’Etat. Aujourd’hui, les entreprises de presse sont en situation de quasi faillite. Je ne parle même pas des emplois. Les enjeux sont beaucoup plus importants que les emplois. Les entreprises vont fermer boutique et nous n’aurons plus de médias républicains qui puissent permettre une stabilité politique, sociale, qui pourront aider à la souveraineté du Sénégal», a réagi, hier dans un entretien avec WalfQuotidien, vigoureusement Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps). Ce dernier s’alarme, suite à la décision du président Diomaye de remettre en cause la décision de son prédécesseur Macky Sall qui avait décidé, le 18 mars passé, d’éponger la dette fiscale des entreprises de presse du Sénégal estimée à plus de 40 milliards de francs Cfa. Une posture somme normale, aux yeux de Mamadou Ibra Kane. «Sans une presse libre, indépendante, viable économiquement, il n’y aura pas de souveraineté quel que soit le domaine», indique le président du Cdeps.
«La survie de la presse… »
Rappelant, qu’en septembre 2019, l’ancien président Macky Sall leur avait accordé un effacement fiscal pour toute la période antérieure jusqu’au 31 décembre 2020, ensuite une exonération de toutes les taxes et impôts du 1er janvier au 31 décembre 2021, Mamadou Ibra Kane ne manque pas d’interpeler le nouveau président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. «La presse est un secteur névralgique et il faut nécessairement qu’il y ait des mesures pour que la presse ne sombre pas dans une crise qui sera préjudiciable pour les intérêts du Sénégal», a-t-il estimé soulignant qu’il faut nécessairement une fiscalité propre à la presse comme on en fait pour des secteurs névralgiques tels que le logement social, l’agriculture, et de manière plus spécifique pour l’élevage. Dans ce sens, informe-t-il, le Cdeps a déjà sollicité une audience avec le président de la République mais «il n’a même pas eu l’élégance républicaine de nous répondre». «Pourtant, la lettre lui a été remise, main à main, lors de la cérémonie de remise des cahiers de doléances par les syndicats des travailleurs, le 1er mai à la présidence de la République. Il a toute l’administration sénégalaise à son service, il pouvait nous dire tout bonnement que je ne peux pas vous recevoir en temps opportun mais je vais revenir vers vous. Mais rien», peste-t-il.
Un mépris contre lequel le Patronat de la presse entend se rebeller. «Il se peut que l’on batte le macadam ultérieurement. Mais pour le moment, nous allons convoquer une réunion de l’ensemble des patrons de presse et se pencher sur la situation. Il n’y a pas de date précise pour ladite réunion mais nous allons la tenir, la semaine prochaine, parce que c’est la survie de la presse qui en dépend», fait-il remarquer.
Ndèye Maguette SEYE