Au-delà des richesses et opportunités qu’elles offrent au Sénégal, les ressources pétrolières et gazières découvertes récemment sur nos côtes peuvent être des facteurs importants pour l’intégration africaine. C’est l’avis de Pierre Atépa Goudiaby, architecte et président du Club des investisseurs sénégalais (Cis) qui plaide pour la mise en commun de ces richesses pour transformer nos ressources sur le continent, à travers la route de l’acier et de l’aluminium, pour une coopération sous-régionale efficace et profitable à tous. Ce qui n’exclut pas la réalisation d’un gazoduc entre le Sénégal, la Guinée et la Sierra Léone.
L’intégration africaine peine toujours à prendre son envol, malgré la création d’institutions clés comme la Banque centrale africaine, un Fonds monétaire africain, entre autres. Mais la découverte de pétrole et de gaz à partir des côtes sénégalaises peut être un déclic pour la concrétisation de cette ambition, selon Pierre Atépa Goudiaby. L’architecte et par ailleurs président du Club des investisseurs sénégalais (Cis), qui était l’invité de m’émission «Point de vue» sur la chaîne publique Rts1, a plaidé pour une intégration sous régionale. Cela, à travers une nouvelle route de l’acier et de l’aluminium. Laquelle va nous permettre d’entamer une coopération sous-régionale efficace et profitable à tous. Et qui n’exclut pas demain la création ou la réalisation d’un gazoduc entre le Sénégal et la Guinée et entre le Sénégal et la Sierra Léone. «Nous avons, aujourd’hui, la possibilité de transformer toutes les matières premières sur lesquelles nous pouvons mettre la main. Nous avons initié cette fameuse route de l’acier et de l’aluminium qui va faire, qu’avec l’énergie que nous avons, que nous allons pouvoir transformer les matières premières des pays limitrophes ou des pays membres de la Cedeao», dit-il. «Nous ne pouvions pas le faire il y a une dizaine d’années. Mais avec notre pétrole et notre gaz, c’est possible. Le secteur privé a demandé, et j’espère que nous allons l’obtenir, que des partenaires puissent venir. Nous allons venir avec les matières premières qui sont les nôtres en négociant avec le gouvernement pour que le gaz nous soit donné avec une certaine décode pour nous permettre de l’avoir à bon marché et de transformer les matières premières des pays qui nous entourent», poursuit le patron du Cis.
Avec les minerais et le gaz, l’architecte soutient que le secteur privé sénégalais va créer non seulement des emplois mais surtout de la richesse. Et il rassure que les nouvelles autorités ont compris ce projet ambitieux. Pierre Goudiaby Atepa affirme que plus de 1 800 hectares ont été identifiés pour développer ces projets. Toujours dans leurs projets, Atépa annonce aussi une raffinerie d’or. Car, selon lui, ce n’est pas normal que nous exportons plus de «18 mille tonnes d’or par an» etque nos bijoutiers qui sont parmi les meilleurs au monde aillent jusqu’à Dubaï pour racheter ce métal précieux. «Avec nos tailleurs nous allons créer “Coton City”. Et nous avons des négociations très poussées avec monsieur Jaber pour créer plus de 10 mille emplois. Aujourd’hui, le Sénégal a besoin de la bauxite de la Guinée pour faire de l’aluminium à partir du Sénégal. Et le nouveau président l’a compris. Je rappelle que lorsque le Premier ministre guinéen est venu assister au lancement de notre fameux route de l’acier de l’aluminium au temps, il avait dit que c’est le seul projet où il est prêt à s’asseoir avec Macky Sall, c’est pour le développer. Donc, je pense que même les nouvelles autorités sont en phase avec nous», explique Pierre Atepa Goudiaby.
Il faut rappeler que ce projet intitulé «La nouvelle route de l’acier et de l’aluminium» a été lancé en mai 2019. Son coût est estimé à 3 milliards de dollars dans sa première phase. Outre le Sénégal, il va concerner le Mali, la Mauritanie, la Guinée Conakry, la Guinée Bissau et la Sierra Leone. Selon Pierre Atépa Goudiaby et ses camarades, il est né du constat de la disponibilité de ressources naturelles en Afrique et du besoin vital d’une exploitation judicieuse de ces ressources.
Evaluant les réserves de minerais des cinq pays concernés à 27 milliards de tonnes dans les 50 ans à venir pour un potentiel de quelque 9 mille milliards de dollars, Pierre Goudiaby avait ainsi invité le secteur privé sénégalais et africain à s’approprier du projet. «Avec mon expérience à la Brvm, si je mettais ce projet sur le marché financier, j’aurai la capacité de lever plus de 10 milliards en fonds d’investissement. Mais nous optons pour que 70 % des retombées restent en Afrique. C’est un projet tout à fait faisable, qui est loin d’être de l’utopie», disait-il.
Samba BARRY