Présents sur le territoire sénégalais depuis 1989, les réfugiés mauritaniens ont profité, hier, du déplacement du nouveau président, Bassirou Diomaye Faye en Mauritanie pour l’interpeler sur leur situation. Ils demandent au nouveau gouvernement de discuter avec les autorités mauritaniennes pour trouver des solutions pour qu’ils puissent retourner au bercail.
En déplacement en Mauritanie, le président Diomaye Faye ne doit pas discuter seulement du pétrole et du gaz, des questions de sécurité ou de diplomatie avec son homologue Mohamed Ould Ghazouani. Les réfugiés mauritaniens au Sénégal qui étaient en conférence presse, hier, estiment que ces deux chefs d’Etat doivent échanger aussi sur leur dossier vieux de plus de 30 ans. Car, selon eux, depuis plus de trois décennies, plus de 15 mille âmes réfugiés continuent de vivre leur calvaire au Sénégal. «Aujourd’hui, le président Diomaye Faye est parti en Mauritanie pour parler de partenariat économique notamment sur l’exploitation du pétrole et du gaz entre le Sénégal et la Mauritanie et des relations diplomatiques entre les deux pays. Mais nous tenons à rappeler à ces deux Etats et aux Nations unies que la question des réfugiés mauritaniens qui a perduré, doit être réglée pour une solution définitive. Et pour que ces Mauritaniens puissent rentrer au bercail et travailler comme tous les autres mauritaniens», lance Abdourahmane Sy, chargé de communication de la Coordination des associations des réfugiés mauritaniens au Sénégal. Ce dernier rappelle que ces deux Etats avaient pris des engagements fermes par rapport aux textes internationaux pour trouver des solutions par rapport à ces Mauritaniens réfugiés au Sénégal depuis 1989. Et ces engagements poursuit-il, étaient consignés dans un accord tripartite entre le Sénégal, la Mauritanie et le représentant du Haut-commissariat des Nations Unies. Malheureusement regrette-t-il, depuis le retour de la première cohorte composé de 24 mille réfugiés en 2008 jusqu’à présent les autorités des deux pays ne sont pas revenues sur ce dossier. Parce que, la Mauritanie «avait violé cet accord tripartite». Il soutient que les réfugiés mauritaniens rencontrent d’énormes problèmes au Sénégal. Il rappelle que durant 30 années, ils réclament des documents et jusqu’à présent rien n’est fait. «Le gouvernement du Sénégal n’a pas été à la hauteur par rapport à la délivrance de ces titres de voyage conventionnel sollicités par les Nations Unies. A ces difficultés viennent s’ajouter encore les problèmes et les injustices dont nous sommes victimes dans les villes du Sénégal ou dans la Vallée par rapport à l’éducation de nos enfants, l’accès au logement et à la recherche d’emploi», déplore Abdourahmane Sy.
Membre de la Coordination des associations des réfugiés mauritaniens, Moustapha Touré souligne que même la première vague de rapatriement n’est pas à l’abri des difficultés en Mauritanie. Car, jusqu’à présent, leurs camarades n’arrivent pas à obtenir un seul document auprès des autorités mauritaniennes qui ont fermé toutes les portes. Ce qui a poussé d’ailleurs, selon lui, à certains réfugiés au Sénégal à se raviser. «Nous revendiquons le retour des réfugiés en Mauritanie. Et c’est un appel que nous lançons au nouveau régime. Et ce sera l’occasion d’avoir une autre vision de la question des réfugiés mauritaniens au Sénégal. Nous osons espérer que ce nouveau régime qui a donné une preuve de son attachement au respect des droits de l’Homme s’aura entendre notre cri de cœur. Et pour que ce problème soit résolu une bonne fois pour toute. Parce que, nous sommes fatigués», déclare Moustapha Touré.
Samba BARRY