Le Chef l’État Bassirou Diomaye D. Faye, nouvellement installé, a préconisé, dans son message à la Nation du 3 avril 2024, l’abandon du modèle de gestion électorale mixte initié au Sénégal avec la création de l’Observatoire National des Élections (ONEL) en 1998 puis le renforcé par la mise en place de la Commission Électorale nationale Autonome (CENA) en 2005 pour l’adoption d’un modèle indépendant en vigueur depuis près de 25 ans dans la plupart des Etats africains. L’expert électoral Ndiaga SYLLA, n’y voit pas d’inconvénients. «Il revient aux architectes et maîtres d’ouvrage de concevoir un cadre moderne et adapté conformément aux orientations et qui respecte les normes édictées par la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance qui prône, en son article 15, la constitutionnalisation de l’autorité indépendante en charge des élections ainsi que le Protocole Additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la bonne Gouvernance »,a-t-il fait savoir.
Il rappelle qu’il y a beaucoup de zones d’ombre dans le fonctionnement de la commission électorale depuis très longtemps. « Malgré les avancées obtenues, notre modèle de gestion comporte des limites au vu de la tutelle politique qui pèse sur l’administration électorale. C’est ainsi que celle-ci bien que compétente et expérimentée, elle « MANQUE D’INDÉPENDANCE » selon la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE 2019 au Sénégal) lors de la présidentielle de 2019 », affirme l’expert électoral. Avant de renchérir. « Force est de constater que ce fait s’est illustré à suffisance durant la phase pré-électorale de la dernière présidentielle ».
Il ajoute ensuite, « En tout état de cause, le contenu devra garantir l’autonomie financière et de gestion de la nouvelle Autorité administrative indépendante quelle que soit du reste sa dénomination (CENI, CEI, CENA, AIGE, ANGE, ANE…) ».
Il se penche de l’importance de cette réforme mais souligne qu’il faudra beaucoup d’engagements pour sa faisabilité. « L’équation principale réside dans la place et l’articulation de l’administration centrale et déconcentrée en vue de la conduite des opérations électorales et référendaires ».
« La logistique électorale pourrait-elle être co-gérée entre la Haute Autorité Gestion des Élections (HAGE) et une Direction des opérations électorales logée au sein du ministère de l’intérieur ?Faut-il créer une Délégation générale aux élections (DGE) hors du département ministériel et une direction des finances au sein de l’organe indépendant de gestion électorale ? », propose le spécialiste électoral.
Bakary Demba SY