Pour accéder au sommet, Ousmane Sonko et ses camarades ont surmonté plusieurs obstacles. Le chemin qui les a menés au palais de la République, avec l’élection au premier tour de Bassirou Diomaye Faye, a été parsemé d’embûches.
Pastef inscrit son nom dans l’histoire politique du Sénégal. Avec l’élection de Bassirou Diomaye Faye comme président de la République, cette formation politique lancée en 2014 par Ousmane Sonko et d’autres vient d’atteindre son apogée, rejoignant ainsi le cercle restreint composé du Ps (40 ans au pouvoir), du Pds (12 ans au pouvoir) et l’Apr (12 ans). A l’instar de Abdoulaye Wade et ses camarades, ils ont connu une véritable traversée du désert. Le chemin qui les a menés à la plus haute station de l’échiquier politique sénégalais a été long et parsemé d’embûches. Rien ne leur a été donné. Ils ont été traités de tous les noms d’oiseaux. «D’aventuriers à terroristes en passant par des militants des réseaux sociaux», les qualificatifs ont fusé de toute part. Ces qualificatifs ont rendu l’actuel maire de Ziguinchor et ses camarades endurants. En le radiant de la fonction publique, Macky lui ouvre les portes de l’Assemblée nationale. Avec 37 5351 voix, soit 13 %, il est élu député en 2017 au plus fort reste. Une percée qui attire l’attention du pouvoir sur le devenir de sa formation politique. En raison de son débat orienté vers des questions jamais soulevées à l’hémicycle, il devient la risée de la majorité. Mais Sonko et «ses chiens de garde» ne se découragent pas.
Au contraire, ils investissent davantage les réseaux sociaux pour mieux organiser la riposte. Une détermination qui intensifie plus tard une rude bataille avec le pouvoir. D’année en année, Pastef se massifie, notamment des jeunes. En 2019, malgré un budget limité, Sonko arrive troisième derrière Idrissa Seck et Macky Sall.
Cette percée ouvre une nouvelle bataille avec le régime qui s’accroche au dossier Sweet-Beauté pour l’éliminer de la scène politique. Cette affaire politico-judiciaire avait occasionné en mars 2021 des manifestations violentes qui se sont soldées par la mort d’au moins 14 personnes. Cette atmosphère tendue va s’accentuer en février et juin 2023 et en janvier 2024. Des milliers de ses partisans, militants, responsables et sympathisants, seront traqués, interpellés, puis envoyés en prison dans des dossiers «forces spéciales, commandos, actes terroristes». Non sans compter sa détention et celle de Bassirou Diomaye Faye. Ils seront tous libérés, à quelques semaines de la présidentielle, par une loi d’amnistie.
Salif KA