Les crimes de sang en nombre enregistrés depuis le début de la nouvelle année suscite le débat sur le retour de la peine de mort. Celle-ci, on s’en souvient, a été abolie le 10 décembre 2004 par le régime de WADE. Cela faisait suite à la pression des droits de l’«hommistes» qui, dans leur argumentaire, redoutaient de probables erreurs judiciaires pouvant conduire à des exécutions d’innocents. En rejoignant le camp des abolitionnistes, le Sénégal devenait le 79ème pays mondial et le 4e pays en d’Afrique de l’ouest à ne plus prévoir la peine capitale dans sa législation.
La demande est de plus en forte au sujet du retour de la peine capitale. Les tenants de cette thèse veulent faire de sa réactivation une mesure de persuasion. Mais cela suffira-t-il à limiter les crimes de sang ? En plus d’un risque élevé d’erreurs judiciaires jamais révisées chez nous, on constate que les meurtres ne régressent guère dans les pays qui appliquent toujours la peine capitale dans le monde. Les États-Unis en sont un exemple.
Au Sénégal, la pratique judiciaire a suffisamment démontré que le durcissement des sanctions pénales n’ont jamais été une panacée pour freiner un phénomène de société. La criminalisation du trafic de drogue, depuis 2007, n’a pas permis au phénomène du commerce de stupéfiants de connaitre une régression considéable. Il en est de même du vol de bétail, du viol et du terrorisme. Il en est aussi le cas pour le durcissement des sanctions pénales en ce qui concerne la fraude aux examens et concours et le vol d’électricité.
Bien avant son abrogation au Sénégal, la peine de mort était presque tombée en désuétude, faute d’application, comme la loi sur le gaspillage dans les cérémonies familiales. Seules deux exécutions ont eu lieu en terre sénégalaise. Lesquelles ont impliqué Moustapha LO et Abdou Ndaffakhé FAYE. Le premier s’est rendu coupable d’avoir tenté d’assassiner le Président SENGHOR. Quant à Abdou Ndaffa FAYE, il a poignardé à mort l’ancien maire de Mbour, Demba DIOP, en 1967. Jacques NGOM, le troisième condamné à mort qui a tué Madame MANDINE dans un bar à Pikine, n’a jamais été exécuté.
Aujourd’hui, les crimes de sang se multiplient à une vitesse exponentielle. On a connu le phénomène de la féminicide, la saison des infanticides et les meurtres d’enfants à l’approche d’élections. La criminalité prend une autre forme toute particulière, cette année : les victimes sont égorgées par leurs bourreaux.
Pape NDIAYE