Une vingtaine de meurtres sont officiellement répertoriés au Sénégal, entre début janvier et mi-février. Crimes odieux, crapuleux ou passionnels, tout y passe. Une recrudescence qui n’épargne ni femmes ni enfants.
Le tableau est sombre. Le crime n’a pas d’âge et s’ancre jusque chez les mineurs. L’histoire des deux enfants enfermés dans un véhicule abandonné, à Joal, a sonné le début des meurtres, en janvier 2024. La victime nommée IB est un gamin de 2 ans qui n’a pas survécu. C’était le top départ d’une longue série d’homicides, volontaires ou involontaires.
Un autre cas a aussi marqué le début de l’année : le double meurtre d’un vigile et d’un charpentier dans la baie de Boucotte. Le crime a eu lieu à la résidence du ressortissant Français Jean Luc, à Ziguinchor. Au début du mois de février, 6 personnes ont été abattues lors de braquages armés perpétrés à Kédougou et à Cap-Skiring.
Le cas d’Abdou DIAW, égorgé à la SOGAS (ex-SERAS), a ouvert le bal des meurtres par égorgement. Il s’en est suivi du double homicide à Thiaroye-Sur-Mer. Le pécheur Baye Cheikh DIOP a froidement été égorgé par un individu qui, après le crime, a été lynché à mort par les populations.
Le lendemain, on apprend que le même modus operandi a été utilisé par des assaillants à Thiès-Nord où Assane SECK (65 ans), gardien au marché Nguélaw, a été retrouvé la gorge tranchée. Les premières constatations des enquêteurs révèlent qu’«il a reçu plusieurs coups de couteau sur le corps et sur la tête avant d’être sauvagement tué».
Fin janvier, un élève de 15 ans a été battu à mort par ses parents, à Sédhiou. Le seul tort du gamin, A. DANFA, a été de se rendre à une soirée dansante sans l’aval de ses parents. Pour maquiller le crime, ils ont enterré l’enfant sans autorisation administrative, ce qui aggrave du coup leur sort.
La dernière tragédie implique le sieur M. NDOYE, un homme souffrant de troubles mentaux qui s’est tranché la carotide devant le poste de police de Guinth, à Thiès-Nord.
Il faut ajouter sur la liste macabre les 3 morts enregistrées au cours des dernières manifestations politiques. Parmi les victimes, on retient l’étudiant Alpha Yoro TOUNKARA, le commerçant Modou GUEYE ainsi que Landing DIEDHIOU, 19 ans.
Les tentatives de meurtres font aussi légion. A Thiaroye-Gare, un homme (C. FALL, 51 ans) s’est enfermé dans sa chambre pour égorger ses deux filles âgées de 3 et 5 ans. N’eût été la prompte intervention des policiers, le couteau allait traverser la gorge du second enfant sauvé de justesse. La cité religieuse de Touba a été le théâtre d’un enfant ayant échappé à un égorgement. Depuis son lit d’hôpital, la victime lutte contre la mort.
A ces meurtres, il faut ajouter les 2 militaires décédés suite à l’explosion d’une mine en Casamance. Des suspects ont, par la suite, été arrêtés. S’y ajoutent les 5 marins disparus dont la longue absence rend leur existence incertaine. Cela fait suite à un plan ourdi par des trafiquants présumés qui tentaient de maquiller leur commerce de stupéfiants.
Depuis le début de l’année 2024, plus de 20 meurtres sont répertoriés. L’année dernière (2023), 90 meurtres ont été enregistrés, selon les chiffres officiels combinés. Les années d’avant ont toutes été tachetées de sang. D’après les chiffres officiels, il y a eu 24 meurtres au premier semestre 2022, 21 cas entre 2019 et 2022, 16 femmes tuées en 2019, 50 en 2018 contre 19 en 2017. Cette recrudescence de ces crimes sang, qu’ils relèvent de l’insécurité ou de drames passionnels, suscite le débat sur le retour de la peine de mort.
Pape NDIAYE