Jamais assurément notre pays n’avait atteint un tel niveau de délabrement. Jamais le débat politique ne s’était également trouvé si cannibalisé, et les actes si abjects. Avec ce qui se passe depuis samedi, qui constitue une première et qui pourrait ouvrir la porte à toutes les incertitudes, on peut dire que nous sommes tombés bien bas. Personne ne pourra venir nous dire que ce qui a été fait repose sur des lois de la République. Cela procède plutôt de la volonté de gens jamais repus qui veulent continuer à se maintenir au pouvoir par tous les moyens possibles et imaginables. Par des artifices juridiques notamment. On apprend ainsi que le mandat de sept ans que l’on ne pouvait toucher pour le ramener à cinq ans du fait de la Constitution, peut désormais être prolongé ô de si peu, de huit mois seulement ! Et si le 15 décembre, il y a un second tour, le Chef pourra rester tranquille jusqu’en début 2025. Et plus si troubles, contentieux électoral ou crise institutionnelle il y aura ! Ainsi donc, il est impossible de diminuer un mandat mais permis de le prolonger de quelques mois.
C’est là où réside la belle et flagrante duplicité de celui à qui on pourrait enlever toute confiance car ayant fait pire que la pauvre candidate accusée de parjure. Pour faire passer leur loi scélérate et tuer dans l’œuf toutes contestations, ils se sont appuyés sur les forces de défense et de sécurité qui leur servent de boucliers face à un peuple qui les a vomis et qui était prêt à en finir avec eux par la voie des urnes. C’est dans cette terre à la démocratie avachie que l’on se réveille pour voir l’outil de travail de millions de Sénégalais — Internet — restreint et où l’on retire la licence d’une télévision appartenant à un groupe qui emploie deux cents personnes. Le crime de cette télé ? Diffuser des scènes de manifestations que d’autres chaines de télévisions étrangères retransmettaient en boucle. Notre belle démocratie chahutée sur des plateaux de télévisions locales et étrangères.
L’homme candide à qui on avait fait confiance et qui nous avait vendu le rêve d’une République réconciliée avec elle-même et à la gestion sobre et vertueuse, nous a véritablement eus. Souhaitons qu’il ne se retrouve pas dans les poubelles de l’Histoire. Voir des députés évacués manu militari afin que d’autres de leurs collègues puissent faire le sale boulot en toute impunité, voilà où nous en sommes réduits !
LeTémoin