Tous les regards sont tournés aujourd’hui vers l’Assemblée nationale où les députés sont convoqués pour reporter le scrutin. Ce que les députés de l’opposition refusent. Ils ont appelé à manifester devant l’Assemblée nationale.
Les députés sont convoqués, ce matin, en séance plénière. L’ordre du jour porte sur l’examen de la proposition de loi constitutionnelle portant dérogation de l’article 31 de la Constitution de la République du Sénégal. En somme, il s’agit de modifier la durée du mandat présidentiel pour permettre à Macky Sall de rester au pouvoir au-delà du 2 avril. Ce ne sera pas une mince affaire pour les députés de la majorité présidentielle. Pour cause, les députés du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi veulent rééditer le coup du 23 juin 2011. Devant les journalistes, hier, ils ont appelé les Sénégalais à une grande mobilisation à la place Soweto pour dire non à cette énième forfaiture. Dans un wolof châtié, le député Ahmed Aïdara soutient : «Nous appelons tous les Sénégalais, les hommes épris de justice, les démocrates à se rassembler devant le parvis de l’Assemblée nationale». Toujours dans cette lutte, le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi compte déposer un recours contre la résolution mettant en place la commission d’enquête parlementaire. Les parlementaires de Yewwi envisagent également d’attaquer le décret annulant la convocation du corps électoral, selon toujours le député qui a porté la parole de ses pairs. «Nous attendons tout simplement sa promulgation pour l’attaquer en référé. Nous allons prouver qu’il ne respecte pas les règles parce qu’il viole la constitution», a lancé le président du Groupe parlementaire Yewwi Askan Wi.
S’agissant de la commission d’enquête parlementaire formulée par le Pds, le président Birame Soulèye Diop soutient que cela avait pour objectif de liquider un candidat, mais aussi de reporter les élections. «Le temps jouant contre eux, ils ont déposé une proposition de loi pour qu’il y ait un report jusqu’au mois d’août. Ce qui, dit le député, “est une dérogation à l’article 31 de la constitution qui, suivant l’échelle de temps, fixe l’élection présidentielle en respectant la constitution prévue au 25 février. En prolongeant ne serait-ce que de 24 heures le mandat du président, ils violent la constitution parce que l’article 103 fixe la durée du mandat du président. En 2016, le Conseil constitutionnel avait souligné que le président ne peut pas réduire son mandat. Qui ne peut pas réduire ne peut pas augmenter. On a beau utiliser du vocabulaire, la conséquence reste la même», explique-t-il. Avant de lancer, «Les coups d’État militaires sont souvent des réponses aux coups d’État institutionnels qui se passent dans un pays. Nous n ‘appellerons jamais à ça, mais il faut mettre un terme à ce qui est en train de se jouer».
Magib GAYE