La publication de la liste provisoire des candidats à la présidentielle de 2024 a installé une situation confuse à Benno et au Pastef. Chacune des deux forces, en attendant, a aligné quatre candidats. Ce qui risque de créer, s’il n’y a pas renoncement, un effritement de leur électorat.
La présidentielle de février 2024, sauf changement de dernière minute, verra la participation de 21 candidats, dont quatre issus de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar et quatre autres plus ou moins liés à l’ex-Pastef. A Benno, il y a le candidat officiel, le Premier ministre Amadou Bâ, et les dissidents à savoir Aly Ngouille Ndiaye, Mame Boye Diao et Boun Abdallah Dionne. La particularité de ces quatre candidats, c’est qu’ils partagent les mêmes électeurs. Ce qui risque, selon l’analyste politique Thierno Diop, de réduire les chances du Premier ministre. D’autant plus que, affirme notre interlocuteur, le parti présidentiel, l’Apr, n’est pas bien impliqué dans le combat. «Il y a des mouvements qui sont créés pour le soutenir. Mais ce n’est pas suffisant», dit-il. L’idéal, estime Thierno Diop, serait de convaincre ces dissidents de retourner au bercail. A côté de ces derniers, poursuit-il, il y a le candidat Idrissa Seck qui, comme eux, puisera dans le vivier de Benno. «Aux dernières législatives, tous réunis n’avaient pas dépassé 1,6 million de votants. Et il n’y a aucun signe qui indique que Amadou Bâ pourra avoir plus», souligne Thierno Diop qui assimile cette division à la situation du Parti socialiste (Ps) à la présidentielle de 2000.
Renoncement à temps
Pour sa part, le journaliste Ibrahima Bakhoum estime que le retour des dissidents de Benno n’est pas à exclure. Mais, ils doivent le faire avant la publication de la liste définitive des candidats. «Ils vont puiser dans le même vivier. Cela fragilise Amadou Bâ. S’ils attendent la liste définitive pour renoncer, ils risquent de perdre leurs électeurs. Ils iront seuls rejoindre Amadou Bâ. Leurs électeurs vont les abandonner», analyse-t-il.
Dans l’autre camp, il y a Habib Sy parrainé par des députés de Yewwi, Bassirou Diomaye Faye, Cheikh Tidiane Dièye, parrainés par les militants de Pastef et Déthié Fall. Selon nos analystes, ils ont la particularité comme ceux de Benno, de partager le même électoral principalement de l’ex Pastef. «Chacun prendra une partie. Les députés qui ont sponsorisé Habib Sy, voudront avoir un retour sur investissement, à défaut d’avoir des récompenses directes de Sonko. Si Habib Sy ne renonce pas, ils vont le suivre et ils vont combattre Bassirou Diomaye Faye», explique Ibrahima Bakhoum ajoutant que si trois d’entre eux ne renoncent pas, un nombre important de leurs électeurs va s’abstenir. «Certains voteront pour le candidat le plus proche de Sonko», soutient-il. Mais de l’avis de Thierno Diop, cette situation est voulue par Sonko. «Il veut opérer un sabotage. C’est pourquoi il a investi Habib Sy. Sa carte n’est pas pour Diomaye. Il mise sur Habib Sy. C’est compliqué. Il avait demandé à ses militants de se ranger derrière Habib Sy. Les militants semblent refuser», dit-il.
Salif KA